1879 |
17 octobre 1879
Alfred de Falloux à Jules de Bertou
17 octobre 1879
Cher ami,
M. Dufaure avec une patience et douceur dont je ne l’aurais pas cru capable a fini par envoyer son refus à Nantes et les nôtres y arrivent en ce moment-ci. Mgr Freppel doit être content ; il aura dans son auditoire des libertins, mais point d’impies et si l’art. 71 en profite, tant pis pour lui et ceux qui le voteront mourront tous ou presque tous de mort subite, le jour où l’archange Saint-Michel remettra lui-même Monsieur le comte de Chambord sur le trône.
En attendant, je suis émerveillé du dernier Correspondant, je n’avais pas achevé M. Thureau-Dangin2, lorsque je vous en parlais il y a trois jours. La fin contient de merveilleux passages que je vous demande de faire reproduire dans L’Union de l’Ouest, ce sont 1° le fragment de Montalembert, sur les fils des croisés et les fils de Voltaire, on répète toujours cette phrase sans citer le morceau tout entier qui est admirable et tout à fait opportun à cette heure-ci ; 2° la citation de L’Univers à la dernière page, non par malice pour Veuillot, qui n’en peut plus, mais pour la vraie et sérieuse instruction des lecteurs. Si vous faisiez vous-même, cher ami, un en-tête montrant doucement dans Montalembert ce qui ont été les catholiques qu’on a l’habitude aujourd’hui d’appeler timide, et, faisant ressortir la justesse des conseils de Veuillot à cette heure où nous avons tant le besoin et le droit de réclamer la liberté, vous me combleriez d’aise.
Albert [de Rességuier] s’annonce pour lundi et ira du Bourg d’Iré à Paris voir ses petits-fils Pérignon3 au collège Stanislas.
Alfred
1L'article 7 du projet de loi de Jules Ferry prévoyait d'exclure de l'enseignement les congrégations non autorisées.
2Thureau-Dangin, Paul Marie Pierre (1837-1913), historien. Auditeur au Conseil d’État, il publia plusieurs ouvrages d'histoire notamment une Histoire de la renaissance catholique en Angleterre au XIXe siècle. Catholique libéral, il ne jugeait pas le catholicisme incompatible avec le régime républicain.
3Demeurant dans leur château, à Finham (Tarn-et-Garonne), les Pérignon sont alliés des Rességuier, une des filles d'Albert de Rességuier, Geneviève (1842-1904) ayant épousé Dieudonné Henri Marie de Pérignon (1840-1889).
