CECI n'est pas EXECUTE 5 novembre 1879

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5 novembre 1879

Alfred de Falloux à Jules de Bertou

5 novembre 1879

 

Cher ami,

L’arrivée de la sœur Edwige1 nous donne une sécurité pour les soins de détails qui deviennent impérieux, mais elle n’améliore pas l’état en lui-même qui est toujours fort triste. La difficulté à parler augmente de jour en jour et c’est ce qui nous oblige à isoler presque complètement Madame de Caradeuc, afin qu’elle ne multiplie pas les efforts qui lui causent beaucoup de fatigue et qui, pour la plupart du temps, ne réussissant pas la font pleurer. L’autre jour elle n’a jamais pu retrouver le nom d’Augustin et maintenant elle est la première à demander qu’on ne l’avertisse plus les rares visites qui passent encore par la maison.

Je n’ai pas encore les impressions de Lavedan sur mon article que lui a emporté Albert [de Rességuier], mais Albert est parti avec les instructions les plus pressantes pour que la première épreuve vous soit envoyée, afin que vous constituant en comité avec M. Baudre vous jugerez si je suis digne de la publicité ou du feu. Ne manquez pas, je vous en prie, en renvoyant vos doubles impressions d’y joindre autant que possible, des rédactions à substituer aux miennes. Vous savez mieux que personne, cher ami, combien cela est nécessaire et doux à mon infirmité.

Merci, merci de votre succès à LUnion de l’Ouest; plus j’y réfléchis plus j’y attache de prix. Je vais à mon tour chercher et relire Montalembert, ce qui me conduit à vous dire que LUnion de l’Ouest a toujours oublié deux noms dans le comité, Montalembert et Gustave de Beaumont. L’Union de l’Ouest s’est trompée aussi en répétant d’après la Gazette de France que la souscription avait montée à 150 000 Fr. ; le chiffre fut infiniment plus élevé et avec les intérêts composés qui furent soigneusement additionnés par les soins du comte Benoist d’Azy2, le chiffre total monte à près d’un million, ce que matériellement et artistement le monument vaut bien.

J’ignore en ce moment si l’évêque d’Angers3 a un procès ou non, mais en tout cas il a fait une faute qui met en lumière pour tout le monde à quel point il est dépourvu de sens politique et de sens moral !

Alfred

1Aide soignante pour Mme de Caradeuc, belle -mère de Falloux, alors très malade.

2Benoist d'Azy, Paul (1824-1898), entrepreneur. Ancien élève de l’École polytechnique, il démissionna de l’armée pour entrer à l’École des Mines afin de seconder son père, Denys Benoist d’Azy, dans la direction de ses établissements métallurgiques d’Alés. Élève de Le Play, il l’accompagna dans ses voyages en Scandinavie (1845), Italie du Nord et Autriche-Hongrie (1846). En 1854, nommé directeur gérant des usines de Fourchambault, Torteron et Imphy, il continua de s’intéresser à la question ouvrière. Propriétaire d'un domaine dans la Nièvre, il s'y était retiré depuis 1871.

3Mgr Freppel.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «5 novembre 1879», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1879,mis à jour le : 13/03/2020