1879 |
29 novembre 1879
Alfred de Falloux à Jules de Bertou
Le 29 novembre 1879
Cher ami,
Comme vous êtes capable de vous préoccuper de ma jaunisse, je viens vous apprendre qu’elle ne s’aggrave pas, tout en faisant mine de se montrer assez opiniâtre. M. Letort1 va décider tout à l’heure si je dois prendre une seconde médecine ce à quoi je me résigne très volontiers, depuis qu’on leur donne un coup de limonade fort agréable.
De votre côté défendez bien votre gorge contre le froid et surtout ne la compromettez pas pour un cocher, car il y a lieu de croire que nous en avons trouvé un dans de bonnes conditions.
Je ne vous avais pas répondu pour le surplus de la souscription Lamoricière2, si surplus il y a, parce que je connaissais la pensée de Mme de Lamoricière3, dont je n’ai pas à me louer depuis le 29 octobre, à laquelle je ne voudrais cependant pas rendre guerre pour guerre.
Je m’associe entièrement, cher ami, à toutes vos répugnances pour les hostilités sur le terrain de la charité et je souhaite que vous appreniez bientôt le complet avortement de cette campagne.
Je reçois des lettres très aimables sur mon article4 et même, res mirabilis, une approbation sans réserve du vicomte Amédée de la Haye5; mais j’aurais souhaité quelque accusé de réception de la gauche, et je ne vois rien venir. Le silence est bien favorisé par la rentrée des chambres, qu’on a lancé comme beaucoup plus éloignée, quand je ne me suis pas rendu à votre avis pour le dix novembre au lieu du 256.
Je vous dicte ce petit mot du fond de mon lit avant le courrier. Soyez donc sans étonnement si je ne réponds pas à ce qu’il va m’apporter plus tard.
Les blés commencent à se plaindre du froid et M. l’abbé Baudre qu’en dit-il ?
Alfred
1Médecin de la famille Falloux.
2Pour la construction du cénotaphe dédié au général.
3Marie Amélie, née d'Auberville (1827-1905), veuve du général Juchault de Lamoricière. Elle possède un domaine au Louroux-Béconnais, une commune du Maine-et-Loire.
4Falloux venait de publier dans Le Correspondant du 25 novembre De l’unité nationale.
5Amédée Joseph Augustin de Bernabé de La Haye (1806-1880), ancien élève de l’École Royale Spéciale militaire de Saint-Cyr. Il aurait démissionné au lendemain de la chute de la Restauration, en 1830.
6Le Correspondant est publié deux fois par mois, le 10 et le 25.
