CECI n'est pas EXECUTE 18 septembre 1872

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18 septembre 1872

Auguste Nicolas à Alfred de Falloux

Langrune1, 18 septembre 1872

Digne et cher ami,

Laissez-moi vous féliciter plus encore vous remercier des belles et bonnes paroles que vous avez fait entendre au comice agricole de Segré avec une autorité est un art qui ne sont qu’à vous. Je suis convaincu qu’il est plus que temps que tous ceux qui ont mission de situation et de caractère élèvent la voix en toute occasion pour dire à notre pauvre pays, sous toutes les formes, les vérités qui doivent être son salut. L’opinion d’ailleurs est aux écoutes ; les temps mûrissent, la vérité acquiert tous les jours une saveur qui la fait ressembler à un fruit nouveau. Le mal même y aura servi : il a tant abusé qu’il s’y est usé. Il laisse voir partout ses ficelles aux plus complaisants. Seulement il faut, si je ne me trompe, aider la guérison plutôt que la devancer. Elle n’en ira que plus vite, ayant pour elle la nature et le concours des forces renaissantes du pays. Mais en même temps il faut occuper tout le terrain que nous gagnons pour ne pas le laisser reprendre. Il faut affirmer le vrai dans toute la mesure où il peut être compris. L’heure est aux bonnes vérités générales et au traitement par le bon sens. C’est aussi le terrain de l’union : comme les bases d’une pyramide qui ne tend à la pointe que par des assises qui se commandent successivement. Je pressens un aboutissement salutaire : il se fait un travail latent ; Dieu agit : laissons-lui la direction et bornons nous à être ses coopérateurs.

Je ne sais trop ce que je viens de dire. Je me suis parlé comme à moi-même, comme à un ami parle un ami.

A. Nicolas

1Langrune-sur-Mer, Calvados.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «18 septembre 1872», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1872,mis à jour le : 18/07/2020