Troisième République |

7 janvier 1887

Albert de Rességuier à Georges de Blois

7 janvier 1887

Mon cher ami1,

J’aurais bien voulu pouvoir aller passer avec vous ces tristes anniversaires qui vous ont pieusement ramené dans cette demeure si pleine de bons souvenirs est au milieu de cette population qu’il a tant aimée, tant édifiée et comblée de tant de bienfaits ! Les obstacles qui m’ont retenu ne m’ont Pas empêché, du moins, de munir bien intiment à vous et de vous accompagner de cœur dans cette église où il a si souvent prié et dans cette petite chapelle funèbre où il m’y serait douloureusement doux de faire encore un pèlerinage !

Je suis charmé des renseignements que vous donnez sur les dispositions de M. Gréard2. Le duc de Broglie demande deux mois seulement pour faire son discours qu’il commencera dès que M. Gréard lui aura communiqué le sien. Il m’a renvoyé le dernier chapitre avec une approbation sans réserve en ajoutant : « .J’ai quelque mérite à ne pas être pressé de voir apparaître une si noble et si haute approbation de ma conduite. Mais la mémoire de notre ami m’est bien plus chère que ce qui n’intéresse que moi, et je tiens à pouvoir lui rendre au moins un jour un hommage que d’importunes clameurs, parties des rangs même où il ne devrait trouver que des admirateurs ne viennent pas troubler. J’attends M. de Blois3.

Quant au choix des fragments publiés dans le Correspondant, dans la mesure que vous indiquez, j’attends Lavedan très souffrant en ce moment et très inquiet de sa fille qui doit subir incessamment une très cruelle et très dangereuse opération. Je suppose que la note dont vous me parlez est la lettre de M. Veuillot à Mgr Rendu4 sur la nécessité de diviser le parti catholique. Elle est en effet très importante je comptais de mon côté vous proposer de la placer au bas de la page 423. Vous la trouverez dans la prochaine épreuve de la feuille, 27.

Que de choses nous aurons à nous dire quand vous viendrez a Paris ! Bien à vous.

Al.

1Sans doute Georges de Blois.

2Gréard, Octave (1828-1904), normalien, directeur de l'enseignement primaire au ministère de l'instruction publique puis chargé de la direction de l'enseignement primaire de la Seine, il devient, en 1879 il devient vice-recteur de Paris.

Grand pédagogue, auteur de plusieurs ouvrages traitant de l’enseignement, il fut élu à l’Académie française le 18 novembre 1886 au fauteuil d’A. de Falloux. Il sera reçu à l’Académie française par A. de Broglie le 19 janvier 1888. C’est à ce discours qu’il est fait allusion dans cette lettre.

Sommaire

 

3Blois Georges Aymar, comte de (1849-1906) neveu de Falloux, propriétaire du château de Huillé (Maine-et-Loire). Maire de Daumeray (Maine-et-Loire) en 1888 puis conseiller général du canton de Durtal (Maine-et-Loire), il fut élu sénateur du Maine-et-Loire en 1895. Réélu en 1897 puis en 1906, il prit place au groupe de la droite monarchiste. Propriétaire d'un domaine agricole, ayant hérité de son oncle Falloux, les célèbres étables du Bourg d'Iré, il intervint dans la plupart des débats agricoles. Il publia les Mémoires d 'un royaliste de son oncle peu après son décès.

4Mgr Rendu, Louis (1789-1859), entré au séminaire de Chambéry, il est ordonné prêtre en 1814 et intègre le Collège royal de Chambéry où il enseigne la littérature, puis les mathématiques et la physique. Ayant perdu sa chaire en 1829, il fonde la Société d’histoire naturelle de la Savoie. Nommé évêque de Chambéry en 1844, siège qu’il conservera jusqu’à sa mort, il se range aux côtés de Louis Veuillot dans sa lutte contre les catholiques libéraux.