CECI n'est pas EXECUTE 1883

1883 |

1883

Antonin Plessis à Alfred de Falloux

[1883], Volders Tyrol Autrichien

Monsieur le comte,

De retour de mon exil d’Espagne1 est sur le point de partir pour un nouvel exil à Volders au Tyrol autrichien, je tenais à venir personnellement remercier d’être venu nous visiter, nous consoler et nous fortifier du fond de votre solitude jusqu’au fond de notre isolement. Depuis que vos heures étaient la près de celle de Lacordaire, de Montalembert et d’Ozanam2, nous sentons nos amis plus près et plus nombreux. Il nous semblait qu’un peu de la France, de la vraie France était venue s’implanter là avec vous au milieu de ces déserts de plaine de la Castille3. Nous nous disions : nous ne pourrons rentrer que comme nous sommes entrés la première fois. Par la porte de la liberté. On a beau la murer, il y a des brèches légitimes, et vous êtes un de ceux qui nous avez appris comment on la pratique. Ah ! Que n’êtes-vous un des chefs incontestés qui nous dirigent ! Croyez au moins, Monsieur le comte, que pour quelques-uns, vous l’êtes et le serez toujours.

J’aurais voulu vous entendre, <mot illisible> en vous au nom de plusieurs de nos frères l’ami de notre père Lacordaire et de tous ceux qui furent les vaillants, les généreux, les immaculés dans la lutte pour la plus pure des causes unies dans une seule : religion et liberté. J’avais <mot illisible> vous les hommages respectueux et reconnaissants du T. R. T. Prédicateur, prieur de Belmonte.

Malheureusement il me faut renoncer à tous. Je quitte Bourg d’Iré cherchant dans mon oreille et dans mon âme toute la douce et forte impression auxquelles j’espérais les ouvrir. Vous permettrez du moins, Monsieur à ma pensée et à ma prière de refaire quelques fois le pèlerinage au château du Bourg d’Iré.

Daignez agréer, Monsieur le comte, l’expression des sentiments de ma respectueuse vénération et de mon plus humble et plus sincère dévouement.

 

1Suite aux décrets du 29 mars 1880, les Dominicains avaient été contraint à l’exil. Ils se réfugièrent à Belmonte, en Espagne, avant d’aller s’établir à Volders, en Autriche.

2Ozanam, Antoine Frédéric (1813-1853), italien d’origine, il effectua ses études secondaires à Lyon. Professeur à la Sorbonne (1844). Fondateur en 1833 de la Société de Saint-Vincent de Paul, en 1848, il créa, avec l’abbé Maret et le P. Lacordaire, L'Ere Nouvelle, journal catholique et démocrate.

3Le couvent de Belmonte où s’étaient installés les frères prêcheurs après les décrets de 1880 était situé au cœur de la Castille.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «1883», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1883,mis à jour le : 27/11/2020