Année 1867 |
17 novembre 1867
Théodore de Quatrebarbes à Alfred de Falloux
Chanzeaux1, 17 novembre 1867
Cher ami, depuis ma dernière lettre, l’inflammation est survenue et, avec elle une fièvre violente. Les nouvelles du 12 étaient bonnes, le 13 nous recevions une dépêche qui nous a lancé le danger que courait notre bien-aimé blessé. Son père2 avait écrit à sa femme3 de venir. Elle était elle-même horriblement souffrante.
Mme d’Héliand4 est immédiatement partie à sa place avec Hermine, sœur de Bernard. Elles ont pris à Paris au noviciat de Saint-Vincent, Catherine5 la sœur de Georges6, tué à Castelfidardo. La sainte enfant est dirigée sur l’hôpital des Zouaves et va aller soigner son cousin.
Avant-hier seconde dépêche, Danger, non sans espérance. Le pape7 a béni Bernard et prie spécialement pour lui.
Enfin aujourd’hui nouvelle dépêche malheureusement sans date, mais ce doit être de samedi.
Un peu de mieux, espoir.
Que le bon Dieu soit mille fois béni ! Et continuons de le prier.
Bernard a reçu ses horribles blessures, bras gauche Brisé en trois endroits, main droite mutilée, à la fin de la lutte de Monte Rotondo, en tirant à découvert, en avant de tout ses artilleurs, son dernier coup de mitraille.
Adieu cher ami, mes hommages à tous les vôtres, et prières pour Bernard. Yves va bien. Tout à vous du meilleur de mon cœur.
Th Q B
J’ai écrit à Louis votre touchant intérêt.
1Château des Quatrebarbes situé à Chemillé-en-Anjou, au cœur des Mauges, en Maine-et-Loire.
2Hyacinthe Louis de Quatrebarbes, marquis de Quatrebarbes (1810-1879).
3Hermine de Quatrebarbes,née Jouesseaume de La Bretesche.
4Marie-Pauline d’Héliand, née de Quatravarbes (1812-1882).
5Catherine d’Héliand (1844-1917).
6Georges d’Héliand (1842-1860).
