CECI n'est pas EXECUTE 10 juillet 1866

Année 1866 |

10 juillet 1866

Emile Ollivier à

Hôtel Maufront, Vichy, 10 juillet 1866

Mon cher ami,

Vous savez l’estime avec laquelle je tiens la nature haute, intelligente et si charmant de M. de Falloux. Aussi je désire son succès1. Sa profession de foi selon votre désir a été mise dans la Liberté. J’ai répondu très vivement de voter pour lui à des électeurs du pays qui me demandaient si au lieu de voter pour un clérical, il ne serait pas mieux de voter pour le candidat du gouvernement.

Sera-t-il possible de faire mieux et d’avoir l’appui positif de la Liberté. Si Freslon2 ne se présente pas je le crois. Si j’étais à Paris, pour agir, je dirais j’en suis sûr. Si Freslon se présente, je crains que l’élément démocratique qui entoure Girardin3 ne l’amène peut-être à se prononcer très fort. Je vais écrire pour que du moins l’on reste bienveillant et pour qu’on appuie au second tour.

Amitiés dévouées.

Émile Ollivier

1Falloux s’était porté candidat au Corps législatif lors d’une élection partielle en Maine-et-Loire, dans la circonscription de Baugé-Segré, suite au décés de Bucher de Chauvigné. Falloux cherchait alors à obtenir le soutien le plus large des opposants à l'Empire.

2Freslon Alexandre Pierre (1808-1867), avocat et homme politique. Avocat, il était inscrit au bureau d'Angers. D'opinions libérales, il fut poursuivi le 17 juillet 1830 pour avoir participé à une manifestation contre  le gouvernement. Il se défendit lui-même et fut acquitté. Substitut du procureur du roi après la révolution de Juillet, il démissionna cependant dés 1832  en signe de désapprobation de l'orientation du nouveau gouvernement et reprit sa profession d'avocat. Il fonda en 1839 un journal républicain, le Précurseur de l'Ouest. Membre du conseil municipal d'Angers, il combattit le maire de la ville. Le 2 mars 1848 il fut nommé  procureur général près la cour d'appel d'Angers par le Gouvernement provisoire. Élu à la constituante, il vota avec les républicains de la nuance Cavaignac.  Lors du rapprochement de Cavaignac avec la droite, il fut, sous l'instigation de Falloux, nommé ministre de l'Instruction publique et des Cultes (13 octobre 1848). Il quitta le gouvernement le 19 décembre 1848 et le 25 août 1849, L.-N. Bonaparte le nomma  avocat général à la cour de cassation. Réélu à la Législative, il ne fit point adhésion à l'acte du 2  décembre et redevint avocat au barreau de Paris. Candidat indépendant au Corps législatif lors des élections générales de 1863, il fut battu par Bucher de Chauvigné, le candidat officiel. Il renonça à se présenter une nouvelle fois lors de l'élection de 1866.

3Marc dit Saint-Marc Girardin (1804-1873), journaliste et homme politique. Après des débuts comme rédacteur au Journal des débats, il se porta candidat en Haute-Vienne. Élu du centre de 1834 à 1837, il rejoignit la majorité ministérielle de 1837 à 1839. Réélu de 1842 à 1846, puis de 1846 à 1848, il fut membre de la majorité conservatrice. Éloigné de la scène politique après 1848, il poursuivit son étroite collaboration avec le Journal des Débats. Élu à l'Assemblée de février 1871, il fit siégea au centre droit et fut élu vice-président de l'Assemblée en août 1871. Ayant joué, au sein de la droite, un rôle des plus actif à la chute de Thiers, il se sépara du Journal des Débats, rallié à la République, pour entrer au Journal de Paris.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «10 juillet 1866», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1866,mis à jour le : 19/11/2020