CECI n'est pas EXECUTE 9 septembre 1869

Année 1869 |

9 septembre 1869

Emile Keller à Alfred de Falloux

Ce 9 septembre 1869

Monsieur le comte,

Je suis très touché des remerciements que vous voulez bien m’adresser. Je voudrais les mériter davantage, et je regrette que votre élection n’ai pas eu un plus heureux défenseur. Toutefois, il y avait dans votre personne seul tout espèce de raison pour rendre le succès impossible.

Le pauvre M. de Sainte-Hermine1 sera peut-être la seule victime expiatoire chargée du péché de la majorité et immolé pour faire place au baron Alquier2.

J’aurais vivement désiré que l’on pût ramener au feu la troupe des 116 dès le début de la session et avant qu’elle ait eu le temps de se disloquer3. Cela n’était pas impossible, si M. Émile Ollivier4 ne se fut mis en travers. Aujourd’hui la majorité qui se livre à des validations systématiques et scandaleuses, va sans doute se reformer autour de Monsieur de Forcade5 qu’elle a vivement applaudi hier. Les moutons reconnaissent la voix de leur berger. Mais où cela peut-il nous conduire ?

Agréez, Monsieur le comte la nouvelle expression de mes sentiments les plus distingués et dévoués.

Emile Keller

1Sainte-Hermine, Élie Jean Émile de (1809-1870), homme politique. Rallié à Louis-Napoléon et partisan du coup d'état, il se présenta à la députation dans la Ière circonscription de Vendée dés 1852 et sera constamment réélu jusqu'en 1869. Mais son élection de 1869 ayant été invalidée, le 9 décembre 1870 il sera remplacé par le baron Alquier.

2Alquier, Charles Arthur (1824-1871), baron. Candidat « indépendant» dans la circonscription de Fontenay-le-Comte, il fut battu par son adversaire légitimiste, le marquis de Sainte-Hermine. L'élection de ce dernier ayant été invalidée, le baron Alquier sera nommé à sa place le 9 janvier 1870. Marié à Marie Catherine Debrousse (1844-1883).

3Le 6 juillet 1869, quelques jours après l’ouverture de la session parlementaire, 116 députés avaient demandé à interpeller le gouvernement sur la nécessité d’associer de façon plus effective le pays au gouvernement, et donc d’établir en somme un véritable régime parlementaire fondé sur la responsabilité du gouvernement devant le parlement.

4Émile Ollivier (1825-1913), homme politique. Fils d’un Carbonaro républicain, il fut nommé par le gouvernement provisoire préfet de Marseille, le 27 février 1848; il avait alors 22 ans. Il se fit élire en 1857 au Corps Législatif. Républicain, il était néanmoins dépourvu de tout sectarisme. Il accueillit avec faveur l’orientation du régime vers le libéralisme, approuvant notamment le décret du 24 novembre 1860. Réélu en 1863, il fut appelé par l’Empereur pour diriger le gouvernement du 2 janvier 1870 .Exilé en Italie jusqu'en 1873, battu dans le Var en 1876 et en 1877, il consacra le reste de sa vie à la rédaction des dix-sept volumes de son Empire libéral. Il avait été élu à l'Académie française le 7 avril 1870.

5Focade La Roquette, Adolphe Jean Louis Victor (1820-1874), homme politique. Frère utérin du maréchal Saint-Arnaud, il avait été ministre des Finances de novembre 1860 à novembre 1861 avant de devenir sénateur, puis vice-président du Conseil d’État. Il avait été nommé ministre de l'Intérieur le 17 décembre 1868. Hostile à l'Empire libéral, il avait donné sa démission de sénateur après la formation du cabinet Ollivier. Élu député du Lot-et-Garonne, il devint l'un des leader de la droite. Il se retirera de la vie politique après la chute de l'Empire.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «9 septembre 1869», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1869,mis à jour le : 10/12/2020