CECI n'est pas EXECUTE 20 juillet 1882

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20 juillet 1882

Pierre-Henri Lamazou à Alfred de Falloux

Limoges le 20 juillet 1882

Monsieur le comte,

Pendant mon séjour à Rome, je m’étais proposé de vous communiquer quelques-unes de mes impressions, le temps m’a toujours manqué. Quand on ne reste que quelques jours dans une vie où il y a tant à voir et entendre, tant à étudier et observer, on ne fait pas tout à fait ce que l’on pourrait faire.

Je profite de ma rentrée à Limoges pour vous parler très sommairement de la situation.

Le Saint-Père1, malgré des influences nombreuses, reste fidèle à sa ligne de modération et se trouve en présence des graves inconvénients qu’entraîne pour l’Église et le Saint-Siège la politique un peu exclusive de Pie IX2. Il n’aime pas les exagérés, il se plaint des journaux religieux qui ne suivent pas les sages conseils qu’il leur a donnés sur l’union des catholiques, le respect des personnes, la mesure dans les polémiques quotidiennes. Je crois qu’il est loin d’aimer l’Univers et les hommes qui le dirigent. Il ne dit rien de Mgr Freppel, mais il n’approuve guère sa ligne de conduite. Sa Sainteté m’a vivement exprimé le mécontentement que lui cause une partie de la presse religieuse en faisant à l’autre une guerre regrettable ; il est même disposé à lui donner publiquement de nouveaux avertissements.

Dans deux audiences qui ont duré chacune une grand heure il a eu beaucoup d’observations échangées, d’utiles renseignements donnés sur les hommes et les choses. Léon XIII a écouté avec attention et même avec une sympathie très accentuée les choses un peu hardies que je lui ai dite. J’ai eu l’occasion de parler de ce qui a paru être très agréable à Sa Sainteté.

Nous n’avons qu’à nous réjouir de l’attitude du souverain pontife. Il a horreur des coteries religieuses dont le règne me paraît fini. Ses idées sont conciliantes, larges, élevées. C’est un grand bienfait pour l’Église et la France.

Notre cher et vénéré cardinal3 m’a témoigné la plus cordiale sympathie. Il est impossible de se montrer plus gracieux, plus obligeant, plus dévoué. Sa santé est bonne.

Le nonce4 a été extrêmement touché de votre lettre. Nous avons un grand intérêt à le défendre contre nos adversaires. C’est ce que j’ai fait énergiquement à Rome, c’est ce que je fais à Paris et un peu partout. Veuillez agréer Monsieur le comte l’assurance de mon plus respectueux dévouement.

Pierre Henri évêque de Limoges

3Mgr de Falloux.

4Czacki Włodzimierz, Mgr (1835-1888). Nommé par Léon XIII à la nonciature de Paris, il fut chargé d'appliquer la nouvelle politique du Saint-Siège et en particulier de convaincre les catholiques de ne plus lier leur intérêts à la cause royaliste et d'accepter les nouvelles institutions que la France s'était données. Secrétaire de la Congrégation des Études de 1875 à 1877, secrétaire de la Congrégation des Affaires ecclésiastiques extraordinaires de 1877 à 1879, nonce à Paris à partir du 19 septembre 1879, cardinal en 1882.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «20 juillet 1882», correspondance-falloux [En ligne], 1882, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Troisième République,mis à jour le : 19/12/2020