CECI n'est pas EXECUTE 10 février 1883

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10 février 1883

Achille de Caradeuc à Marie de Falloux

Charleston, Caroline du Sud (États-Unis), 10 février 1883

Madame et chère parente1,

Voilà déjà bien longtemps que nous n’avons eu de nouvelles de vous, et j’ose espérer que la cause de ce silence n’a rien de sérieux et que votre santé ainsi que celle de ceux qui vous sont chers, continue bonne. Avec quelle anxiété nous veillons tous les événements qui se succèdent en France : pauvre Patrie! Quelle destinée lui réserve la Providence ? Ne l’a-t-on pas déjà réduite au niveau de l’Italie et de l’Espagne – et déchirée comme elle l’est ne va-t-elle pas descendre encore plus bas ? Que mon cœur saigne en pensant à ce cher pays n’a guère si beau, si heureux, si puissant, libre aujourd’hui à ceux qui ne le gouvernent que pour satisfaire la haine du bon Dieu et de ceux qu’il aime. C’est bien triste. À nous autres qui voyons les choses à distance, tout cela nous semble bien étrange, et la République bien curieuse.

Je suis heureux de pouvoir vous dire que nous sommes tous ici en bonne santé : chez ma fille à Savannah, que chez nous. Ma petite fille, Élise Heyward2, a été envoyée au couvent près de Baltimore. Nous avons souvent de ses nouvelles : elle y est parfaitement heureuse et satisfaite, et elle a su se faire aimer des nonnes du couvent. C’est une bien charmante enfant, de même que ses deux sœurs, plus jeunes. Chez nous ici, mon petit-fils, Achille de Caradeuc, jouit aussi maintenant de bonne santé, et de grande intelligence : c’est un bien grand bonheur pour la femme est pour moi.

Notre hiver ici n’a pas été froid, il a été et continue d’être humide et désagréable. Il a dû être de même j’ai vu les inondations terribles en Allemagne et en France. Elles semblent vouloir commencer dans ce pays aussi, car nous entendons parler de crues énorme dans les rivières de l’Ouest et du Nord. Mais heureusement les notres se tiennent encore assez basses.

S’il vous fatigue trop décrire, veuillez bien me faire écrire deux mots ne serait-ce que pour vous dire que votre santé continue bonne.

Madame de C[aradeuc]3. me prie de la rappeler à votre bon souvenir.

J’ai bien l’honneur, ma chère parente, d’être votre serviteur.

A. de Caradeuc4

1Sans doute Émilie de Caradeuc, la mère de Marie de Falloux, entre temps décédée.

2Élise Heyward (1867-1942).

3Élisabeth Ann, née Torre (1819-1903).

4Achille de Caradeuc (1816-1895).


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «10 février 1883», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1883,mis à jour le : 03/01/2021