1881 |
21 septembre 1881
Franz de Champagny à Alfred de Falloux
Trois moulins par la Seine-et-Marne, 27 septembre 1881
Cher confrère
Vous avez publié parmi les œuvres de Madame Swetchine de très belles sur la vieillesse. Mais maintenant on m’assure que cela ne sont pas de Madame Swetchine (et cette assertion émane d’un homme sérieux, ami de Madame Swetchine et de nos amis) ces pages me dit-il, (on pourrait peut-être l’entendre seulement d’une partie de ces pages) ont été écrites par Louis Moreau1 qui vient de mourir et qui était aussi de nos amis. Il les a remises à Madame Swetchine qui les a lues, les a beaucoup appréciés et les gardait pour les relire encore. Mêlées avec des papiers à elle, on a cru qu’elles étaient d’elle et on les a publiées comme telles. Moreau, ajoute-t-on, en a eu la surprise, mais, loin de se fâcher, en a été très flatté.
Que pensez-vous de cette révélation ? Je désirerais vraiment le savoir. J’écris pour le Correspondant quelques lignes sur ce pauvre Moreau et je ne voudrais pas trop les faire attendre. Mais je ne voudrais pas mentionner ce fait sans vous en avoir parlé.
Pardon de venir ainsi troubler votre douleur si récente encore et que certes le temps ne saurait amoindrir. Je vous ai déjà dit la part que j’y prends. De telles douleurs je ne les connais que trop, et je sais trop que le remède n’en est qu’en Dieu.
Tout à vous de cœur.
Champagny
1Moreau, Louis (1807-1881) ; conservateur à la Bibliothèque Mazarine. Traducteur des Confessions de Saint-Augustin et de la Cité de Dieu.
