Année 1864 |
29 décembre 1864
Joseph Autran à Alfred de Falloux
Marseille, ce 29 décembre 1864
Monsieur le comte,
Voilà bien longtemps que je n’ai eu l’honneur de me rappeler à votre souvenir. J’en eus bien des fois le désir, depuis le jour où vous dites adieu à Paris, et ce désir dernièrement devenait à deux reprises une véritable tentation, chaque fois que le Correspondant nous apportait quelques-unes de ses belles éloquentes pages qui ont été lues partout et particulièrement dans notre Midi avec une émotion si sympathique. Vous comprendrez, Monsieur le comte, le sentiment qui m’a retenu. Il est difficile de louer ceux à qui l’on doit tant de reconnaissance. Mais n’est-il pas un peu difficile aussi de venir de nouveau s’adresser à une bienveillance déjà tant de fois éprouvée ? À mesure cependant, que se rapproche l’époque des élections académiques, je sens le besoin de réclamer encore cet appui et ces conseils dont je connais tant le prix. Je compte avant peux m’acheminer vers Paris ; j’y serais même déjà si je n’avais voulu, cette année, épargner à la santé de Madame Autran et à celle de ma fille les premières rigueurs de l’hiver. Permettez-moi donc, avant d’entreprendre ma nouvelle campagne, de la placer sous une direction qui déjà par deux fois m’a conduit si près du port. Il me semble que mes épreuves en se renouvelant rendent ma position de plus en plus délicate, et que vos lumières me sont par conséquent d’autant plus nécessaires.
Souffrez aussi, Monsieur le comte, que je n’achève pas ma lettre sans exprimer les souhaits que comporte un prochain renouvellement d’année. Que Dieu réalise tous les désirs de votre cœur ! De pareils vœux, quand ils s’adressent à vous, ne se limitent pas à une prospérité personnelle ; ils s’étendent à toutes les grandes et saintes causes, où l’avenir du monde est intéressé.
Veuillez agréer, Monsieur le comte, la nouvelle assurance de tout mes sentiments de gratitude et de dévouement respectueux.
Autran
