CECI n'est pas EXECUTE 23 octobre 1860

Année 1860 |

23 octobre 1860

Gustave de Beaumont à Alfred de Falloux

Beaumont la Charte, prés la Chartre sur Loir (Sarthe), 23 octobre 1860

Mon cher ami,

Vous me feriez un grand plaisir et me rendriez un véritable service si vous pouviez m’envoyer la copie textuelle de cette citation de Bossuet, dont parle Tocqueville dans sa lettre à Madame Swetchine du 10 septembre 1856 et qui se trouve dans la lettre de Madame Swetchine à laquelle il répond. Je me rappelle bien l’avoir lu dans l’une des lettres que je vous ai renvoyées ; mais je ne m’en souviens point assez exactement pour pouvoir la reproduire, je sais d’ailleurs trop mal mon Bossuet pour la retrouver dans son œuvre complète. Soyez assez bon, cher ami, pour consacrer un petit moment à cette recherche ; faites cela pour moi, je vous en prie, vous me rendrez très reconnaissant. Je vous assure que j’ai fort à cœur pour mon compte de vous prouver en toute occasion mon entier dévouement ; et si je puis faire quelque jour, une nouvelle perquisition parmi les papiers de mon pauvre ami Tocqueville, vous pouvez compter que je n’omettrai pas d’y rechercher de nouveau et avec la plus minutieuse attention, tout ce qui émanant de Madame Swetchine pourrait vous intéresser. Ce qui vient d’elle intéresse, il est vrai, tout le monde, mais vous appartient de droit.

Je ne puis vous dire mon cher ami, avec quelle vivacité de sympathie et avec quelle émotion profonde j’ai lu votre dernier écrit. Cette éloquente protestation en faveur du droit et de la justice restera ;; elle a été un soulagement pour toutes les intelligences et toutes les âmes que tant d’iniquité et une si odieuse fortune opprime ! Maintenant, il n’y a plus d’aveugles que ceux qui ne veulent pas voir ; le masque dont se couvrait la duplicité et l’hypocrisie est tombée ; nul plus que vous, mon cher ami, a contribué à l’arracher.

Quoi que je n’ai jamais plus admiré et plus honoré Lamoricière, je suis mortellement triste à la pensée des amertumes dont son âme va être rempli, à son retour au Chillon1. Je pense qu’il ne sera pas longtemps sans prévenir sa belle-mère et sa femme l’y attendent. S’il pouvait lire dans le cœur de tous il verrait qu’il n’a jamais été tant aimé. Adieu mon cher ami, j’espère que votre corps se porte aussi bien que votre esprit, dans votre dernière œuvre nous a donné le meilleur bulletin possible.

Mille tendres amitiés.

G. de Beaumon

1Dans une lettre à Berryer d28 novembre 1860, Falloux indique écrivit «  Le Gl de Lamoricière est arrivé chez lui tout à fait incognito et après avoir déjoué les attentes les plus vigilantes. J'irai le chercher dés que je saurai sa porte entrouverte.


 


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «23 octobre 1860», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1860,mis à jour le : 27/02/2021