CECI n'est pas EXECUTE 22 août 1860

Année 1860 |

22 août 1860

Gustave de Beaumont à Alfred de Falloux

Beaumont la Charte, prés la Chartre sur Loir (Sarthe), 22 août 1860

Mon cher ami,

Je serais charmé sur tous les rapports de faire au Correspondant la communication dont vous me parlez. N’eusse-je d’autres motifs que celui de vous être agréable ainsi qu’au prince de Broglie dont le caractère et le talent me sont chaque jour plus sympathiques, cela suffirait pour me déterminer ; mais je vous avoue très sincèrement que ce que vous voulez bien souhaiter dans l’intérêt du Correspondant, je le désire moi-même bien vivement dans l’intérêt de la publication, au succès de laquelle j’attache tant de prix, lorsque le moment sera venu, c’est-à-dire dans les 15 jours qui précéderont la mise en vente. Je vous remettrai ou au prince de Broglie, ou à la personne que vous m’aurez indiqué, le fragment inséré, et sur le choix duquel je réfléchirai d’ici là. Ce ne pourra pas être avant deux mois. Je vais ces jours-ci seulement commencer l’impression,qui me prendra au moins un mois pour chaque volume. Je m’imagine que c’est dans le numéro du 1er novembre ou dans celui qui le précédera que l’insertion du fragment pourrait convenablement avoir lieu ; mais ce ne sont là encore que de bien vagues conjectures, et quand on commence l’impression d’un livre, on ne sait jamais quels incidents et quel accroc pourront l’entraver. Ce que je puis vous assurer, et ce dont je tiens à vous convaincre, c’est de mon vif désir de répondre à votre bienveillant appel ; ne changeons point les rôles ; ici, comme dans bien d’autre cas précédent je me tiens pour votre obligé ; et sous prétexte de me demander un service, c’est vous qui m’en rendez un véritable, en me facilitant ainsi l’accès d’un organe important de publicité, qu’il faudrait rechercher pour la qualité de ses lecteurs, quand même la quantité en serait moins grande qu’elle ne l’est en effet. Grâce à votre bonne intervention je vais avoir les lettres de Tocqueville à M. Molé. Je les aurais déjà si, devant aller ces jours-ci à Paris où Madame de la Ferté1 a eu la bonté de les faire remettre, je n’avais écrit qu’on les y gardât au lieu de me les faire parvenir par les moyens accoutumés. Ceci me donne vis-à-vis de Madame de la Ferté un tort que je regrette beaucoup d’avoir ; car elle doit s’étonner de ne pas recevoir de moi l’avis de la réception de cet envoi auquel j’attachais le plus grand prix. Je ne veux lui écrire que lorsque j’aurais eu ces lettres entre les mains ; alors j’implorerai le pardon de mes torts, dont je serais d’autant plus désolé de ne pas me justifier auprès d’elle qu’elle a été pour moi, à l’occasion de cette communication, parfaitement bonne et gracieuse.

Outre mes motifs futurs de reconnaissance envers le Correspondant, je lui dois déjà beaucoup, mon cher ami, puisqu’il me vaut d’avoir eu ce nouveau souvenir de vous qui m’est bien précieux, et auquel je n’adresse qu’un reproche : c’est qu’en me parlant de choses qui m’intéressent beaucoup vous avez omis celle qui me touche plus, votre santé et celle de tous les vôtres. Je fais bien des vœux pour que de ce côté vous soyez content et vous renouvelle l’expression de mon bien sincère attachement.

G de Beaumont.

 

1Adélaïde Christine Clotilde (1810-1872), mariée en 1829 à Mabire Antoine Fernand, marquis de La Ferté Meung. Elle était la fille du comte Molé.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «22 août 1860», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1860,mis à jour le : 27/02/2021