1872 |
22 mars 1872
Denys Benoist d'Azy à Alfred de Falloux
Versailles, 22 mars 1872
Cher excellent ami
J’ai pensé à vous sans cesse dans ces cruels jours, je savais bien que vous sentiriez comme nous et autant que nous le malheur qui nous frappe1. Cochin était pour vous un frère comme il était pour moi un fils j’étais heureux et fier de voir ce fils si aimé si apprécier si bien préparer pour servir et la religion et son pays par sa puissante intelligence et par son exemple.
Jamais au reste plus exaltante justice n’a été rendu, jamais la sympathie publique ne s’est montrée plus profonde et il faut me reporter aux funérailles de Berryer pour me rappeler de pareils témoignages.
Soumettons-nous hélas mon pauvre ami, résignons-nous alors même qu’au milieu de si grands dangers Dieu semble vouloir nous priver de nos appuis et de nos meilleurs défenseurs. Cette sainte 2âme priera pour nous, puissions-nous être admis comme lui et près de lui dans la paix éternelle.
Ma pauvre fille a passé ces jours-ci à La Roche avec ses enfants, elle est pleine de courage parce que c’est aussi une âme sainte et pleine d’énergie, mais je m’inquiète cependant de cette si profonde et si légitime douleur. Tomber de si haut et se trouver en présence d’une telle perte d’un tel vide ! Que Dieu lui donne la force nécessaire !
Adieu, cher ami, unissons nos regrets comme notre vieille amitié.
Denys Benoist d’Azy3
1La mort d’Augustin Cochin est alors un proche de Falloux qui lui consacrera en 1874 un ouvrage.
Denys Benoist d’Azy est son beau-père, Augustin Cochin ayant épousé en 1849 sa fille Adeline Benoist d’Azy (1830-1892).
2Adeline Cochin, sa veuve. Voir note supra.
3Denys Benoist d’Azy (1796-1880), homme politique. Élu sous la Monarchie de Juillet par la Nièvre de 1841 à 1848 il siégea avec l’opposition légitimiste. Réélu par le Gard de 1849 à 1851, il singera avec la droite légitimiste. Membre de l’Assemblée nationale de 1871 à 1876 (élu du Gard), il est membre de l’Union des droites.
