CECI n'est pas EXECUTE 15 juillet 1856

Année 1856 |

15 juillet 1856

Alfred de Falloux à Charles de Montalembert

Caradeuc 15 juillet 1156

Cher ami,

J’apprends à l’instant par hasard la délivrance de Madame de Montalembert1 et notre mécompte. Vous m’aviez promis de me donner vous-même des nouvelles que j’avais si fort à cœur. Je crains donc quelques lettres égarée. En tout cas je veux vous dire que je ne vous ai pour mon compte oublié ni dans ma constante sollicitation au point de vue le plus intime, ni dans le rapport que vous attendiez de moi de ma dernière impression de Paris. Je l’ai quitté le 1er juillet et vous est adressé la veille un bulletin détaillé.

Depuis lors rien de grave à ma connaissance, si ce n’est la malheureuse affaire C2 qui menace toujours déplorablement. Le Saint-Père3 lui répond en terrain personnellement bienveillant mais par le même courrier, le Cal Antonelli4 écrit de Rome que M. C[ousin] aura gusto avantaggio de voix à la suite de sa condamnation : laudabilitis de subjecit.

Jugez si c’est là une chose acceptable et acceptée. C[ousin] m’écrit cependant d’un ton très calme. Mais il n’en perce pas moins une bien profonde et trop naturelle blessure.

Je suis convaincu que les deux mois de délai de Mgr l’archevêque ont été fatalement exploités contre lui et contre nous, et que si le bon mouvement du pape avait été suivi d’une réponse également spontanée le dénouement eut été différent ; mais j’ai bien mauvaise grâce désormais a plaidé cette thèse et me suis appliqué surtout écrire à Rome ma très amère plainte qu’on m’ait demandé et fait pour pour un rôle quelconque dans une négociation à laquelle on réservait une issue si parfaitement dérisoire. Savez-vous, pouvez-vous quelque autre chose de mieux ?

C[ousin] revient sur sa doléance au sujet du paragraphe de M. Laforêt5. Peut-être que si vous saisissiez cette occasion pour lui écrire une bonne lettre, vous lui causeriez un plaisir utile à son âme.

Je vous quitte pressé par une avalanche de curés bretons, parlez beaucoup, je vous en prie, cher ami, de Mme de Falloux comme de mois à Madame de Montalembert.

Au revoir bien prochain, j’espère.

A. de F.

1Marie-Anne Henriette dite Anna de Montalembert, née de Mérode (1818-1904), veuve de Charles de Montalembert avec qui elle s'était mariée en 1836.

2Cousin. Il est alors menacé d’excommunication pour certains de ses travaux. Voir lettres du 12 avril 1856 et du 14 avril 1856.

4Antonelli, Giacomo (1806-1876), administrateur ecclésiastique italien. Fait cardinal en 1847 par Pie IX, puis secrétaire d’état, il avait organisé la fuite du pape à Gaëte en 1848. Il était devenu tout-puissant dans les États Pontificaux. Foncièrement hostile à toute réforme de tendance libérale, il porte en majeure partie la responsabilité de la politique immobiliste de l’État pontifical de 1849 à 1870.

5Laforêt, Nicholas-Joseph (1823-1872), philosophe et théologien belge.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «15 juillet 1856», correspondance-falloux [En ligne], Année 1852-1870, Second Empire, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1856,mis à jour le : 22/03/2021