CECI n'est pas EXECUTE 2 février 1857

Année 1857 |

2 février 1857

Alfred de Falloux à Charles de Montalembert

2 février 1857

Je vous suppose à Paris, cher ami, pour la réception de M. Biot1 et je veux vous envoyer au passage mes remerciements et mes félicitations réitérées pour le Correspondant, ensuite mes explications et commissions académiques. Je viens d’écrire directement un mot à M. Guizot pour lui exprimer mon regret d’être réduit à le lire au lieu de l’entendre. La neige qui vient de nous envahir subitement me crée une véritable difficulté, mais la plus réelle est la date de ma propre réception2. Le duc de Noailles désire très naturellement que j’attende le retour de son fils et de sa belle-fille qui ne me semble pas prochain. Je ne voudrais donc pas m’exposer à deux ou trois mois inutiles de salon chauffé au calorifère3, de conversation au diapason de raouts, et me trouver dans mon lit ou exténué le jour même de ma réception. Je préférerais de beaucoup ne vous arriver, lorsque ma date sera définitivement fixée, qu’assez à temps pour causer et consulter utilement, vous en tête. Cela me conduirait à Paris quand la saison me convient mieux et me permettrait d’y rester, ayant droit de séance, et pouvant vous seconder, soit dans les scrutins, soit dans les débats Montyon4.

Voilà tout mon plan, cher ami, je vous le livre pour que vous le jugiez et défendiez au besoin. Je vous demanderai en outre d’être mon interprète très particulier près de M. Villemain. Sa fille vient d’épouser un angevin. Veuillez donc lui donner d’avance (à lui et à sa fille) un rendez-vous au Bourg d’Iré. J’ai correspondu récemment avec Cousin par l’intermédiaire de M. Jourdain5. Il n’était question que de l’académie. Le nouvel archevêque6 doit vouloir et pouvoir le servir à Rome. Quand vous le verrez, ne jugerez vous pas à propos de lui en parler ?

On me dit que vous ne ferez pour cette fois que traverser Paris. Je ne vous demande donc aucun prélèvement sur de rapides moments qui seront si disputés. Je ne veux, très cher ami, que vous saisir au passage, me placer sous votre aile dans la traversée de l’Institut et vous embrasser de tout cœur.

Alfred

1Biot, Jean-Baptiste (1774-1862), scientifique. Entré à l'Académie française le 10 avril 1856, il était décédé le 3 février 1862.

2Elle avait été fixée au 26 mars 1857.

3Radiateur électrique de l’époque.

4Débats concernant l’attribution du prix Montyon par l’Académie française.

5Jourdain, Eloi (pseudonyme Charles Sainte-Foi) (1805-1861), élève au collège ecclésiastique de Beaupréau (Maine-et-Loire), il entra en relation avec Lamennais en 1828 et fréquenta La Chesnaie pendant trois ans. Falloux l’avait appelé pour travailler à ses côtés dans le ministère de l’Instruction publique et des Cultes en 1849. Par la suite, il collabora à L’Union de l’Ouest, le journal fondé par Falloux.

6Mgr Morlot, François-Nicolas-Madeleine (1795-1862), prélat. Ordonné prêtre en 1820, vicaire général en 1830 et chanoine du chapitre de la cathédrale de Dijon en 1833, il fut nommé évêque d'Orléans en 1839 puis archevêque de Tours en 1842. Il sera créé cardinal-prêtre en 1853 avec le titre de Saint-Nérée et Achille, puis, après l'assassinat de Mgr Sibour, le 3 janvier 1857, il deviendra archevêque de Paris.


 


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «2 février 1857», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1857,mis à jour le : 20/11/2021