CECI n'est pas EXECUTE 11 février 1857

Année 1857 |

11 février 1857

Alfred de Falloux à Charles de Montalembert

11 février 1857

Cher ami,

J’apprends à l’instant le malheur1 qui vient de vous frapper d‘une façon d’autant plus sensible que tout semblait le rendre imprévu. Je remercie Dieu du moins de vous avoir conduit près de Mme de Montalembert2 et je vous demande en grâce de lui nommer Mme de Falloux3 et moi, au premier rang de ceux qui sont le plus occupés d’elle, de son chagrin, et de sa santé. Ne me répondez pas, accablé de soins et de préoccupations comme vous devez l’être. Je vais charger Fontaine de satisfaire mon impatient désir d’être au courant de nous tous en allant chez Madame Swetchine recevoir les bulletins de toute la famille et me les transmettre avec l’exactitude que vous lui connaissez.

J’ai reçu votre lettre politique, cher ami, et j’en ai été bien touché. Vous aviez en l’écrivant le sentiment bien vif de ma profonde douleur et vous ne vous trompiez pas. Je n’ai pas reçu le document que vous m’annonciez et je ne le demande à personne. Il sera bien temps en arrivant à Paris de ne pouvoir se soustraire à l’impression cruelle qui m’y est réservée : celle d’être réduit à l’impossibilité de défendre ce qu’on continue à respecter et à aimer. Grace à Dieu, il n’en résultera pas j’espère que notre communauté d’action en doive cesser, ni que le Correspondant en doive souffrir. Albert de Broglie m’ a écrit sur le sujet dans les termes les plus élevés et les plus délicats, je l’en ai remercié avec une très sincère reconnaissance sans ajouter ni commentaire ni question. Je serai moins réservé si je pouvais m’attribuer une action quelconque, mais n’étant levé plus matin que bien d’autres il est juste que je sois couché plus tôt ; et combien je jouirais de mon impuissance personnelle, si j’assistais de loin au triomphe, ou du moins au progrès légitime et raisonnable de nos deux grandes causes. Enfin, cher ami, gardons courage et patience. Pour moi rien ne me rendra plus aisé que votre précieuse et chère amitié.

A. de F.

 

1L’épouse de Montalembert venait de perdre son père Félix de Mérode, mort à Bruxelles le 7 février 1857. Le comte Félix Philippe Balthazar Othon Ghislain de Merode, né à Maastricht en 1791 fut l’un des héros de l’indépendance belge en 1830. Ministre d’État dés 1831, il démissionna en 1839 pour ne pas signer le traité de Londres, stipulant la cession par la Belgique d'une partie du Luxembourg et du Limbourg.

2Marie-Anne Henriette dite Anna de Montalembert, née de Mérode (1818-1904), épouse de Charles de Montalembert avec qui elle s'était mariée en 1836.

3Marie Charlotte Rosalie de Falloux, née de Caradeuc (1821-1877), son épouse.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «11 février 1857», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1857,mis à jour le : 22/03/2021