Année 1857 |
22 novembre 1857
Alfred de Falloux à Charles de Montalembert
22 novembre 1857
Mon cher ami,
Vous m’offrez une bien séduisante tentation. Je ne dois cependant pas y succomber. Depuis huit jours, je suis repris d’irritation nerveuse, et après un conseil tenu en famille, je dois reconnaître que Paris en cette saison, le bruit, le feu même me sont un détestable commencement d’hiver. Je viens donc vous demander de chercher mon excuse dans notre bonne amitié et vous offrir en échange de Paris un rendez-vous qui remplacerait mon regret par un réel et bien vif bonheur. Pourquoi ne consentiriez-vous pas à venir au Bourg d’Iré ?
Vous n’auriez que quelques heures de chemin de fer de plus. Vous y trouveriez M. Lenormant1 qui s’annonce pour le 26. Nous causerions du Correspondant et de tout ce dont je ne vous parle pas aujourd’hui, gardant un si cher espoir. Madame de Falloux s’y associe et assure Madame de Montalembert2 de tous les soins qui vous attendent. Si la saison n’effrayait pas Madame de Montalembert et vos filles nous aurions de bien grandes prétentions fondées sur des promesses. Soyez notre avocat et confirmez promptement notre espérance.
Falloux
J’attends vos épreuves qui ne sont pas encore arrivées. Je vous écris à la hâte, car je suis trop intéressé à ne pas perdre un seul courrier.
1Lenormant François, (1837-1883), archéologue et écrivain français. Associé aux travaux archéologiques de son père, Charles L., il devint un numismate et un archéologue précoce et collabora également au Correspondant. Il effectuait effectivement un voyage en Italie.
2Marie-Anne Henriette dite Anna de Montalembert, née de Mérode (1818-1904), épouse de Charles de Montalembert avec qui elle s'était mariée en 1836.
