CECI n'est pas EXECUTE 24 décembre 1857

Année 1857 |

24 décembre 1857

Alfred de Falloux à Charles de Montalembert

24 décembre 1857

Je ne puis vous dire, cher ami, combien je suis touché et édifié de votre lettre venue à l’instant même ! Pour moi personnellement rien ne m’est plus doux que la pensée de vous rendre quelquefois ma profonde amitié agréable ou secourable ; du point de vue chrétien, du point de vue de notre œuvre, rien ne me semble plus digne de vous que le silence auquel vous êtes si disposé.

En achevant la lecture de chacun des trois articles mon impression de dégoût et la pression analogue de ceux qui le lisaient avec moi, a été toujours croissant. Croyez donc bien que l’opinion sera plus juste en cette occasion qu’elle ne l’a été en plusieurs autres, parce que jamais la bassesse et la grossièreté de mobiles ne se sont livrées aussi a découvert. Ce ne sera pas, si vous le voulez absolument, le sens public qui sera devenu plus raffiné, mais l’évidence des mauvaises passions qui ressort d’elles-mêmes avec plus de clarté. Cela ne veut pas dire non plus, cher ami, que nous n’ayons aucune vigilance à exercer sur nous-mêmes, ni que nous devions nous désintéresser des divers mouvements de l’opinion ; loin de là, et il y a une réponse de vous dont je suis inexprimablement <mot illisible>, c’est l’apparition de tout une partie de votre grand travail sur les institutions monarchiques. J’ignore où vous en êtes, mais s’il vous est possible d’achever et de détacher deux volumes pour ce printemps, je n’hésite pas à vous en supplier. Servir l’église avec un redoublement de zèle, de science et de foi, voilà une réfutation d’autant plus irrésistible qu’elle n’est qu’à votre usage et que vous seul avez le don et le droit de vous justifier ainsi.

Cher ami, votre admirable lettre m’est arrivée un moment où j’achevais devant Dieu l’examen de l’année écoulée et les signes de l’année qui s’approche. Ce qui me fixait le plus, soit que je regardasse en arrière, soit que je regardasse en avant, c’est le vide irréparable, de conseil, d’affectation, d’exemple que la mort vient de faire pour nous deux ! Soyons nous donc de plus en plus à nous-mêmes, cher ami, tout ce que nous pourrons nous être en fidélité, en sincérité, en avertissement. Soyez sûrs que mon cœur vous sera toujours le plus simplement ouvert, en tout ce qui nous concerne moi-même ; permettez qu’il en soit toujours ainsi simplement, quoi que plus humblement en ce qui nous touchera. Luttons ensemble contre les lésions, contre le découragement, et espérons que la bénédiction de Dieu nous donnera le surcroît. Le papier et le temps me manque, je vous embrasse de toute mon âme.

Alfred


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «24 décembre 1857», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1857,mis à jour le : 23/03/2021