CECI n'est pas EXECUTE 31 mars 1879

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31 mars 1879

Alfred de Courcy à Alfred de Falloux

31 mars 1879

Mon cher monsieur de Falloux,

Si ce n’était si triste, on sourirait et personne n’aurait plus le droit de sourire que vous. Voici qu’en présence de la sotte agression de M. Ferry à défendre la liberté d’enseignement se produit de tous côtés, au nom des idées de droit commun et de liberté. Tous les évêques redeviennent des catholiques libéraux, Mgr d’Angers1 lui-même. Il est l’auteur de la très habile et remarquable lettre collective publiée. J’y lis qu’une transaction acceptée de part et d’autres avait mis fin à toutes les récriminations mais la transaction c’est vous ! Depuis trente ans on déclame contre la transaction qui est l’hérésie, qui est la trahison, et autres balivernes, l’Église ne transige pas, les principes ne transigent pas, les catholiques libéraux sont les pires ennemis de l’Église et Luther a élu domicile au Bourg d’Iré, où il combat les doctrines de l’Église, en élevant des bœufs. Cependant depuis trente ans, on profite de cette abominable transaction. Elle est menacée d’être déchirée, et aussitôt elle est parfaite, les catholiques libéraux ont fait merveille, ils ont concilié tous les droits et tous les intérêts, et l’abomination est de toucher à cette transaction. Il ne manquerait que de crier : vive Falloux! Ce serait beaucoup demandé à Mgr d’Angers, mais implicitement c’est ce qu’il développe en fort bons termes.

Et bien oui, vous aviez raison, et Mgr Dupanloup avait raison et les catholiques libéraux, qosrum pars minima firi, avait raison et il n’y a pas d’autre défense possible, et il fallait transiger, et Mgr d’Angers a raison un peu tard, et nous n’en serions pas où nous en sommes si les profonds théologiens de l’Univers n’avaient pas pris plaisir depuis trente ans, avec la forfanterie et la maladresse systématique, à menacer, à irriter, à outrager, à exaspérer la société moderne, et à dogmatisme sur la contre-révolution, ce qui a été la dernière habileté de ce pauvre de Mun, à qui le comte de Chambord qui lui aussi ne manque jamais les bonnes occasions, a donné si à propos de son élection le coup de grâce.

En entendant tout ce qui se dit, j’ai éprouvé le besoin, mon cher monsieur de Falloux, de vous reporter ce fidèle hommage. Vous êtes trop vengé, à trente ans de distance, par votre successeur Ferry, de la tribu des Jules et par votre prélat, se réveillant libéral.

Mille compliments affectueux et dévoués.

A. de CourcyCourcy2

1Mgr Freppel.

2Courcy, Alfred Potier de (1816-1888), administrateur de la Compagnie d'assurances générales, créateur de caisses de prévoyance, et écrivain.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «31 mars 1879», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1879,mis à jour le : 19/04/2021