1886 |
9 mars 1886
Arthur de Cumont à Georges de Blois
Angers, 9 mars 1886
Mon cher ami,
J’arrive aujourd’hui à Angers, et Rose m’a remis, de votre part le paquet contenant celle de mes lettres que Falloux avait conservées. À vous dire vrai, je suis étonné de leur nombre, car il me disait souvent : « Je brûle avec soin toutes les lettres qui ont un caractère intime, et traitent, par conséquent, en toute liberté, des choses et des personnages ». Or, les miennes ne sont que cela ; de très libre entretiens où les noms propres ne manquent pas, beaucoup d’appréciations et de jugements jetés au courant de la plume et téméraires parfois, cela ne peut être autrement. Plusieurs sont de véritables confidences ; quelques-unes portent la date des jours les plus douloureux de ma vie. Vous comprenez quel prix j’attachais à leur possession, et je savais d’avance n’avoir point de refus à craindre de votre délicate amitié. Recevez donc, mon cher ami, mes plus affectueux remerciements, une cordiale poignée de main, l’assurance de mon sincère attachement et veuillez mettre mes hommages aux pieds de Madame de Blois.
A. de Cumont