CECI n'est pas EXECUTE 5 novembre 1881

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5 novembre 1881

Maxime du Camp à Alfred de Falloux

Baden-Baden1, 5 novembre 1881

Monsieur le comte et très honoré confrère,

La lettre que vous avez bien voulu m’adresser m’est parvenue ici, où je resterai jusqu’à la fin du mois pour terminer les chasses, mais la brochure a été retenu à Paris par mon portier. Il s’agit évidemment de la dissolution des ateliers nationaux, dissolution, que j’ai qualifié d’anticipée. La rectification que vous désirez sera faite aussi complètement que possible et si vous le jugez opportun que je pourrais faire une note avec le passage de votre brochure. J’en ai tout le loisir, car je ne ferai pas imprimer mon premier volume avant le mois de janvier au plus tôt. Ceci dit, voici mon excuse. C’est Goudchaux2 qui m’a raconté le fait et qui, avec quelque satisfaction, m’a expliqué que l’on avait brusqué la dissolution afin de ne pas donner au parti révolutionnaire le temps de réunir toutes ses forces. C’est chez le général Cavaignac et en sa présence que Goudchaux m’a dit cela vers 1855. C’était un esprit court, médiocre, infatué, mais qui m’avait paru de bonne foi, de là mon erreur que je vous prie de me pardonner, puisqu’elle vous a été pénible.

Je rentrerai à Paris une dizaine de jours avant les élections afin de prendre langue et d’agir au mieux des intérêts de la compagnie ; j’aurai l’honneur d’aller voir et de solliciter vos avis. Les candidats sont nombreux et l’on m’a dit confidentiellement que M. Ferdinand de Lesseps3 comptait se porter, au dernier moment, pour la succession Dufaure. Je ne sais encore rien de positif, mais je fais des vœux pour que la majorité spiritualiste et conservatrice de l’académie ne soit point modifiée.

Je suis heureux que mes tristes souvenirs ne vous déplaisent pas ; il m’a été douloureux de rouvrir tant de <mot illisible ; mieux que personne vous savez combien il en coûte d’être prématurément abandonné par ceux que l’on aime.

Recevez, je vous prie, Monsieur le comte, l’hommage du sentiments respectueux de votre tout dévoué confrère.

Maxime du Camp

 

1Ville allemande du Bade-Wurtemberg.

2Goudchaux, Michel (1797-1862), banquier et homme politique. Ministre des Finances dans le Gouvernement provisoire formé au lendemain de la révolution de février 1848, il le sera également dans le gouvernement Cavaignac.   Candidat républicain modéré, il avait échoué lors des élections du 23 avril, mais il sera élu le 4 juin 1848. Il vota les poursuites contre Louis Blanc et contre le droit au travail. Ayant voté pour Cavaignac, il combattit Louis-Napoléon Bonaparte et vota contre l'expédition de Rome. Candidat indépendant aux élections de 1857 dans la 6e circonscription de la Seine, il fut élu contre le candidat officiel.

3Lesseps Ferdinand de (1805-1894), entrepreneur et diplomate. Après avoir exercé le métier de diplomate dans plusieurs ville orientales, il devint le véritable promoteur des deux projets de canaux qui lui valurent d'être resté célèbre (Suez et Panama) et d'être élu à l'Académie française en 1884.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «5 novembre 1881», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1881,mis à jour le : 07/05/2021