CECI n'est pas EXECUTE 28 décembre 1880

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28 décembre 1880

Maxime du Camp à Alfred de Falloux

Paris, rue de Rome 62, 28 décembre 1880

Monsieur le comte,

Je vous remercie du témoignage de sympathie que vous avez bien voulue m’adresser ; il m’a été précieux entre tous et me prouve que j’ai eu raison de toucher certains points qui me tiennent particulièrement au cœur. Il me semble que mon discours a été accueilli avec faveur et que le public cet associé sans réserve à la plupart des opinions que j’ai émises. Les <mot illisible> il y en a partout, même à l’Académie, croyaient que la séance serait houleuse et que des protestations se feraient entendre. L’agence a été très calme et nul incident ne s’est produit. Du reste, j’étais arrivé de bonne heure, avant l’ouverture des portes ; j’ai été me promener au milieu du groupe de curieux ; à 12h30 ; j’ai été faire des visites sous la coupole, afin de bien prouver aux mécontents, s’il y en avait, que je n’étais ni invisible ni introuvable ; j’en ai été pour mes frais de promenade et j’ai été revêtir l’habit vert qui n’est vraiment pas beau.

Hier, j’ai offert un dîner à mes parents et à quelques autres membres de l’Académie ; il a été fort question de la candidature possible, sinon probable, de Gambetta lors de la prochaine vacance. On n’en paraissait un peu troublé. La perspective d’un siège de sénateur, le désir de faire acte de conciliation, l’espoir de s’assurer une protection qui ne serait pas sans valeur pourrait aider à ne pas rejeter l’idée même d’une telle élection et l’expérience fournie par Émile Ollivier1 serait perdue.si cette éventualité venait à prendre corps, votre expérience, votre habileté consommée, la légitime autorité que vous exercez sur l’Académie nous serait d’un grand secours pour fortifier les hésitants, ramener les indécis et grouper tous nos éléments conservateurs de façon à faire tête et à rester maître du terrain. Je suis tout près, ce soir-là, à servir comme simple soldat sous vos ordres

Adieu, Monsieur le comte, que l’année qui vient vous soit propice et qu’elle vous permette d’assister souvent à nos séances. Vous savez combien je suis fier de pouvoir me dire votre confrère tout dévoué.

Maxime du Camp

 

1Émile Ollivier (1825-1913), homme politique. Fils d’un Carbonaro républicain, il fut nommé par le gouvernement provisoire préfet de Marseille, le 27 février 1848; il avait alors 22 ans. Il se fit élire en 1857 au Corps Législatif. Républicain, il était néanmoins dépourvu de tout sectarisme. Il accueillit avec faveur l’orientation du régime vers le libéralisme, approuvant notamment le décret du 24 novembre 1860. Réélu en 1863, il fut appelé par l’Empereur pour diriger le gouvernement du 2 janvier 1870 .Exilé en Italie jusqu'en 1873, battu dans le Var en 1876 et en 1877, il consacra le reste de sa vie à la rédaction des dix-sept volumes de son Empire libéral. Il avait été élu à l'Académie française le 7 avril 1870.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «28 décembre 1880», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1880,mis à jour le : 14/05/2021