CECI n'est pas EXECUTE 22 mai 1840

Année 1840 |

22 mai 1840

Emmanuel de Sainte-Priest à Alfred de Falloux

Meudon, 22 mai 1840

Je voulais depuis longtemps, Monsieur, vous remercier de l'envoi que vous avez bien voulu me faire, ainsi qu'à Madame de Saint-Priest, et qui nous sera aussi précieux à l'un et à l'autre, par l'intérêt du sujet que par celui que nous portons à l'auteur. Votre livre tient ce qu'il promettait à la première lecture que j'en ai entendu, il est sagement pensé et écrit d'un style correct et pur, il sera lu avec plaisir par toutes les personnes auxquelles la mémoire de cet infortuné monarque est chère et si l'histoire un jour est plus sévère que vous, le sentiment qui vous a dicté une appréciation plus bienveillante, est bien motivé par les injustes attaques dirigées par de modernes écrivains contre ce prince digne d'un meilleur sort et dont les loyales intentions ont été si méconnus. J'espère que l'air de la campagne aura complètement rétabli la santé de votre mère à laquelle je vous prierai de présenter mes hommages et d'offrir le souvenir amical de Mad. de Saint-Priest. Nous sommes depuis quelques jours établis à Meudon et j'y jouis avec plaisir d'un repos d'esprit qui devient un véritable besoin après les agitations forcées de Paris. Mr. de Lévis1 doit être depuis quelques jours auprès de son jeune prince et je crains que sa position n'y soit assez incertaine malgré la justesse de vos remarques sur la direction donnée et tout ce que j'ai recueilli depuis à ce sujet, je regarderais comme un grand malheur que son éloignement suivit un essai auquel nous avions tous applaudi. Il paraît qu'on lui en garde rancune à Vienne, et qu'on est parvenue à indisposer les parents contre lui; j'espère que sa présence dissipera ces nuages, mais il a hâté son départ qui ne devait pas être prochain et je crois qu'il a bien fait. Nous verrons maintenant si dans cette lutte sourde qui ne manquera pas de s'établir, notre jeune prince comprendra sa position et déploiera le tact et la fermeté nécessaires pour s'en tirer et que nous aimons à lui supposer.

Veuillez bien agréer, Monsieur, l'assurance de mon attachement bien sincère et de tous les sentiments distingués que je vous ai voués.  

Notes

1Gaston-François Christophe de Lévis (1794-1863) duc de Lévis-Ventadour; il demeurait à Noisiel (Seine-et-Marne). Il était un des principaux conseillers politiques du comte de Chambord.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «22 mai 1840», correspondance-falloux [En ligne], Année 1840, Monarchie de Juillet, Années 1837-1848, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES,mis à jour le : 18/06/2011