CECI n'est pas EXECUTE 30 avril 1856

Année 1856 |

30 avril 1856

Théophile Foisset à Alfred de Falloux

Dijon 30 avril 1856

Monsieur,

Par une fatalité inexpliquée jusqu'ici je n'ai pas reçu le dernier Correspondant, je l'ai réclamé en vain depuis trois jours. J'ai pris le parti de l'emprunter et vous me voyez sous le charme du premier article. Rien n'est plus fort pour donner au recueil une légitime autorité que cette exposition si calme et si lumineuse des faits à l'occasion desquels L'Univers a rompu avec éclat l'unité du parti catholique. Comme après tout le Saint-Siège et l'immense majorité de l'épiscopat ont donné tort à l'opposition forcenée de cette feuille envers la loi du 18 mars 1850, et que pourtant la division qui s'est opérée dans les rangs catholiques n’a point d'autre origine que cette opposition, il est difficile que votre exposé du 25 avril ne fasse pas réfléchir plus d'un prélat à Rome et en France. Sans doute il faudra du temps, beaucoup de temps, et une sagesse persévérante de notre part, pour que la lumière se fasse dans certains esprits doublement prévenus. Mais, j'ai la confiance qu'il nous suffira de vivre irréprochable pour gagner du terrain, quoi qu'on fasse et quoi qu'on dise contre nous. Il n'y a rien de si habile et de si fort qu'une conduite irréprochable.

Ma première impression quand j'ai lu le titre sur la couverture du numéro « le parti catholique », a été une impression de doute. Cette impression s'est affaiblie quand j'ai ouvert la livraison et trouvé ceci : « Le parti catholique, ce qu'il a été, ce qu'il est devenu ».

Le doute a cessé pleinement à la lecture des deux premières lignes de la page 8 qui expliquent tout. Les quelques mots par lesquels s'ouvre la page 13 achèveraient cette explication s'il en était besoin. Là comme ailleurs, Monsieur, vous êtes dans le vrai.

Moi aussi, Monsieur, j'ai eu mes objections contre la loi du 15 mars1, bien que j’eusse immédiatement protesté (juin 1849) contre une opposition qui allait droit à décapiter, comme je le disais alors, le parti catholique. J'ai eu mes objections et cela même donne peut-être quelque intérêt à l'adhésion sans réserve que je donne à votre premier article. Le second n'est pas moins délicat, à d'autres égards ; mais, vous êtes si pénétré de toutes les difficultés de la situation et si parfaitement le maître de votre langage ! La vieille bannière du Correspondant ne saurait être en des mains plus sures de vaincre.

Veuillez agréer, Monsieur, les félicitations nouvelles d'un de vos plus sincères admirateurs.

Foisset

J'ai l'extrême regret de n'avoir pas votre adresse présente à l'esprit mais la poste ne peut l’ignorer.

1La loi du 15 mars 1850 sur l’Instruction publique devenue « Loi Falloux ».


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «30 avril 1856», correspondance-falloux [En ligne], Année 1852-1870, Second Empire, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1856,mis à jour le : 02/07/2021