Année 1857 |
21 septembre 1857
E. Ferment à Alfred de Falloux
Étretat1, 21 septembre 1857
Monsieur le Comte,
Je reçois une lettre de Cloppet2 qui me parle de votre désir d’avoir une note sur ce que Madame de Swetchine a fait pour nos patronnés sourds-muets. Ce me sera une douce consolation de vous aider à fixer le souvenir d’une partie du bien qui a occupé cette vie si remplie de bonnes œuvres et je m’en occuperai aussitôt mon retour à Paris.
Monsieur le directeur de l’Institution des sourds-muets à bien regretté de n’avoir su que par les journaux la perte que faisait la société d’assistance dont il est un des vice-présidents, car il eût été heureux de donner à celle à qui nos pauvres sourds-muets doivent tant, le même témoignage de reconnaissance et de respect qui fut donné à M. le baron Hyde de Neuville3. Le comité des dames patronnesses, Messieurs les membre du conseil d’administration et M. Vaïsse4 secrétaire général, partageront spontanément le regret de cette omission involontaire suite de la dispersion de tous au moment des vacances. Permettez-moi, Monsieur le comte, de vous prier de vouloir bien faire l’interprète de tous près de la famille et des amis intimes de celle qui laisse dans cette œuvre de si profonds regrets et un souvenir si vénéré.
Vous avez paru si bien comprendre mes sentiments pour Madame de Swetchine que je ne craindrais pas, Monsieur le comte, de vous parler de ma douleur personnelle. Le cœur est brisé par la perte d’une si précieuse et si longue affection, et le douloureux sacrifice que j’ai dû faire en m’éloignant alors que j’aurais tant voulu rester ajoute encore son amertume à mes regrets.
Recevez, Monsieur le comte, l’assurance de ma haute considération.
Mlle E. Ferment
1Commune balnéaire de la Manche.
2Il avait été le serviteur de Mme Swetchine.
3Hyde de Neuville, Jean Guillaume, baron (1776-1857), légitimiste, il fut député de la Nièvre en 1815, puis de 1824 à 1830.
4Vaïsse, Léon (18071884), professeur à l’Institut des Sourds-muets dont il sera le directeur en 1866.
