CECI n'est pas EXECUTE 19 novembre 1862

Année 1862 |

19 novembre 1862

Théophile Foisset à Alfred de Falloux

Bligny-sous-Beaune1, 19 novembre 1862

Monsieur,

j'aurais voulu, j'aurais dû vous remercier plus tôt de la dernière série de lettres du Père [Lacordaire] et de Mme Sw[etchine]. Mais j'ai trouvé ici, à mon retour un tel amoncellement d'affaires, urgentes et graves que je n'ai pu respirer jusqu'à ce jour.

Aucune des correspondances que je possède, non pas même celle de M. de Montalembert, n'a, à beaucoup près, le caractère d'intimité de celle-ci.

Oserais-je dire toutefois qu'il y manque un complément d'un prix inestimable : ce sont les lettres de Mme Swetchine au Père. Vous avez dit, Monsieur, que vous aviez ces lettres. N’auriez-vous pas l'extrême bonté de compléter le trésor dont vous m’avez fait le dépositaire ? J'en serais plus heureux et plus reconnaissant que je ne saurais le dire, heureux et reconnaissant à jamais.

Dans les lettres du Père, il existe une lacune dont je n'ai pas l'explication : l'année 1835 manque toute entière. Il ne se peut point que le Père n'ait pas écrit une seule fois à Mme Sw|etchine] cette année-là. Me sera-t-il permis, Monsieur, d'appeler votre attention sur ce point de détail ?

Nous nous sommes beaucoup occupés à la Roche2 de l'avenir du Correspondant dont les sources commencent à tarir. Nous avons vidé notre carquois sur la question romaine. Mais le puissant intérêt qui s'attache à la mémoire du père Lacordaire n'est pas épuisé, loin s'en faut. Rien ne ferait plus de biens au recueil que la communication, à certains intervalles, d’un choix de lettres du Père à Mme Sw et de Mme Sw au Père. Cochin a dû vous en parler : permettez-moi de me joindre à lui de toutes les forces, avec toute l'assistance d’un vieux serviteur du Correspondant et d'un plus vieil ami encore du père Lacordaire. Cette confidence anticipée faite à notre public, confidence partielles et restreinte, ne pourrait que rendre plus vif le désir de connaître en son entier la plus précieuse correspondance de notre temps : cela ne ferait aucun tort au succès de la publication ultérieure de toutes ces lettres, au contraire.

Agréez, je vous prie, Monsieur, la profonde et éternelle reconnaissance d'un homme plus pénétré de vos bontés qu'il ne saurait l'exprimer.

Foisset

1Aujourd’hui Bligny-lès-Beaune, en Cote d’Or.

2Le château de la Roche-en-Bresnil, en Côte d’Or, est depuis 1841 propriété du comte de Montalembert.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «19 novembre 1862», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1862,mis à jour le : 07/07/2021