CECI n'est pas EXECUTE 6 janvier 1865

Année 1865 |

6 janvier 1865

Théophile Foisset à Alfred de Falloux

Dijon, 6 janvier 1865

Monsieur,

Je suis chargé de porter la parole dans le Correspondant de ce mois sur l'encyclique1. Oserais-je vous demander quelques mots de direction pour la rédaction de mon travail ?

Pour moi, je persiste à penser que nous pouvons nous maintenir dans les termes de mon article du 25 février, et j'y suis encouragé par l'évêque de Luçon2, qui arrive de Rome, où il a passé deux mois. Ce prélat n'ignore point combien Rome se plaint de l'indiscrétion française et demande formellement le silence sur son nom. Mais il m'affirme avoir prié Mgr Berardi3 de savoir de la propre bouche du Saint-Père si M. de Montalembert était ou non atteint par l'encyclique, et avait reçu du prélat romain l'assurance formelle du contraire au nom de Sa sainteté. Toujours est-il qu'on ne veut pas nous écraser tout à fait et que le Saint-Père voudrait dans une certaine mesure amortir la rudesse du coup qu'il nous porte. Mgr Berardi proteste, comme on l’a fait déjà tant de fois depuis dix ans, que le Saint-Père déclare n'avoir voulu ni élever une des deux écoles ni rabaisser l'autre, mais uniquement tracer une direction à la polémique catholique pour l'empêcher de transformer en principe la nécessité du temps présent.

Je suis plus navré que surpris de la situation d'esprit de notre ami de La Roche4. Pour le moment je ne lui demande que le silence. Et magnum valor si silens portavoris, dit le livre de l'Imitation. Une retraite ostensible serait une protestation à jamais regrettable devant Dieu et devant l’Église.

Si votre santé vous permet, Monsieur, de me répondre, je vous serais bien reconnaissant de m'éclairer le plutôt possible.

Daignez agréer, Monsieur, l'hommage de mon respectueux dévouement.

Foisset

1Il s’agit de l'encyclique du 8 décembre 1864 publiée le 25 janvier perçue par les hommes du Correspondant comme une condamnation du catholicisme libéral.

2Mgr Baillès Jacques II Marie-Joseph (1798-1873), prélat. Vicaire général de Mgr d'Arbou, évêque de Bayonne, puis de Mgr d'Astros, évêque de Toulouse, il fut nommé évêque de Luçon en 1850. Contraint à la démission par le gouvernement impérial pour cause d'intransigeance et de légitimisme absolu, il se retira à Rome où il fut promu consulteur des congrégation de l'Index et des Rites.

3Berardi, Giuseppe (1810-1878), ordonné prêtre en 1862, il avait été consacré évêque le 8 novembre 1863.

4La Roche en Brenil, propriété des Montalembert, en Côte d'Or.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «6 janvier 1865», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1865,mis à jour le : 19/10/2021