CECI n'est pas EXECUTE 9 juillet 1865

Année 1865 |

9 juillet 1865

Théophile Foisset à Alfred de Falloux

Bligny1, 9 juillet 1865

Je fais droit sans hésiter à votre observation. Agréez-en, je vous prie, mes remerciements empressés. J'avais cru pouvoir me permettre la citation complète parce que le fait en question se réfère au pontificat de Grégoire XVI2. Mais je reconnais la justesse de vos réflexions et la responsabilité que je faisais encourir à M. de Montalembert, bien qu’il ignore pleinement l'usage que j'ai fait de cette lettre du 19 juillet 1841, qu'il m'a remise avec le surplus de sa correspondance avec le Père3, et dont il ne m'a jamais dit un mot. Mon but principal a été de faire ressortir l'admirable abnégation dont le père a fait preuve en cette grave occurrence. Ce but est pleinement atteint par la publication de sa lettre à M. de Montalembert, suppression faite des trois lignes que vous me faites l'honneur de signaler à mon attention. Il en reste assez pour amener la citation du Fenelon4 à laquelle je tiens beaucoup.

L’épreuve était en cours entre mes mains en sorte que j'ai pu opérer la suppression sans éveiller l'attention de qui que ce soit.

Daignez agréer, Monsieur, le nouvel hommage des sentiments déjà anciens avec lesquels je suis à vous profondément et à jamais.

Foisset

 

Ozanam5 n'est pas nommé ; toutefois je crains d'avoir fait de la peine à sa veuve. Mais j'ai cru devoir ne pas attendre plus longtemps pour m'expliquer à fond sur la participation du père à L’Ère nouvelle. La mort si prématurée de l’abbé Perreyve6 spem nos uetat inchoare longam.

 

Je puis moi aussi être rappelé avant d'avoir achevé mon œuvre, et je n'ai pas voulu différer de rendre témoignage à la vérité sur le moment le plus incriminé de la vie de mon ami. Une occasion se présentait de le faire ; je l'ai saisie.

 

1Bligny-lès-Beaune, commune de Côte d'Or où se situe la demeure de Théophile Foisset.

2Bartolomeo Alberto Capellari (1765-1846), élu pape le 2 février 1831 sous le nom de Grégoire XVI.

3Le Père Lacordaire.

4François de Salignac de La Mothe-Fénelon dit Fénelon (1651-1715), théologien et écrivain.

5Ozanam Antoine Frédéric (1813-1853), italien d’origine, il effectua ses études secondaires à Lyon. Professeur à la Sorbonne (1844). Fondateur en 1833 de la Société de Saint-Vincent de Paul, en 1848, il créa, avec l’abbé Maret et le P. Lacordaire, L'Ere Nouvelle, journal catholique et démocrate.

6L’abbé Perreyve venait de mourir. Perreyve, Henri (1831-1865), entré à l'Oratoire en 1853 que venaient de restaurer le P. Gratry et le P. Pététot, il fut ordonné prêtre en 1856. Ses conférence à Sainte-Barbe lui assurent très vite une grande notoriété et en 1861, après avoir soutenu une thèse Des caractères de la véritable Eglise, il obtient une chaire d'histoire ecclésiastique à la Sorbonne où il succédait à Lavigerie. Il était très lié à Lacordaire, mais aussi aux frères Perraud, à la famille Ozanam et à la nouvelle génération de catholiques libéraux tels C. de Meaux et L. de Gaillard. Voir Lettres de l'abbé H. Perreyve (Correspondant, 1872). Il fut l’auteur de plusieurs ouvrages spirituels dont La Journée des malades (1860) et Entretiens sur l’Eglise catholique (1865).


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «9 juillet 1865», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1865,mis à jour le : 14/11/2021