Année 1846 |
3 septembre 1846
Pierre-Antoine Berryer à Alfred de Falloux
Sancerre1, 3 septembre 1846
Mon ami, je suis ici au milieu des bois et nos communications avec la ville sont rares et lentes; toujours un peu content de ma santé, je promène au soleil une oisiveté qui m'est imposée et c'est par hasard qu'un journal de Paris vient de me tomber sous la main. J'ai lu votre discours sur l'élection de M. Drault2 et j'ai hâte de vous adresser mes vives et bien sincères félicitations vous avez parlé avec raison élégance autorité. L'incomplet du compte rendu me laisse voir cependant le bonheur de votre élocution et la brillante soudaineté de vos pensées; c'est à mon avis un vrai succès parlementaire obtenu dés votre début. Vous êtes, soyez en convaincu, du nombre des hommes que toute chambre écoute parce qu'elle veut savoir. Encore une fois, je vous fais mes compliments et je vous remercie car vous donnez à ma vieille et confiante amitié la grande joie de vous voir réussir ainsi que je l'avais prévu. Vous retournerez sans doute en Anjou aussitôt après la petite session. Moi je ne rentrerai à Paris que lorsque j'aurai rétabli ma santé. Dites-moi cependant quels sont vos projets, je serai charmé de pouvoir vous rencontrer avant cet hiver.
Quand vous retrouverez Madame votre mère, vous direz mes hommages et mes compliments pour son orgueil de mère. Veuiller faire agréer par Madame de Falloux l'expression de mes sentiments respectueux.
Tout à vous.
Berryer