CECI n'est pas EXECUTE 30 septembre 1879

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30 septembre 1879

Alfred de Falloux à Jules de Bertou

Le 30 septembre 1879

Cher ami,

Le père Gagarin m’a envoyé son article tiré à part ; je l’en ai remercié, j’en ai beaucoup joui et j’attends avec importance la suite qui contiendra probablement plus de nouveautés.

L’union de l’Ouest vous aura donné hier les discours de secret, qui lui sont arrivés dimanche par le Mercure Segréen. Le nouveau sous-préfet est arrivé le lendemain du comice ; ce qui montre avec affectation le désir de ne pas se rencontrer avec nous. C’est de bon augure !

Voilà Mgr Freppel dans un nouvel emballage, mais qui du moins ne compromettra l’âme de personne, à moins que ce ne soit celle de Joseph de Rainneville1 entré dans une colère furibonde en apprenant que l’inauguration du monument de Lamoricière avait été fixé au 29 octobre, sans que le comité de ce même monument ne fut consulté ni même averti. En voyant l’annonce dans quelques journaux, Rainneville avait cru à un canard et un mot de moi lui demandant, à cette occasion, qui avait remplacé dans la présidence le général Changarnier, m’a valu la première explosion de son mécontentement.

Le successeur de Changarnier est Dufaure qui était déjà vice-président avec Monsieur Benoist d’Azy ; Rainneville m’écrit que Lareinty2 qui, en qualité de sénateur de Nantes, n’a pas été mieux traité, est entré dans la même colère et tous deux ont écrit à Monsieur Dufaure. Si le vieux grognon actuellement dans la Charente trouve une cérémonie religieuse compromettante, il sera charmé d’avoir été mis à l’écart et s’y tiendra ; si, au contraire, il prend cela du côté de la susceptibilité personnelle, les deux évêques (car on reconnaît bien la main de l’évêque d’Angers) vont recevoir une verte semonce. Je vous tiendrai au courant de ce que j’apprendrai.

Ma gorge est dans le même état que la vôtre.

Alfred

Merci des détails très intéressants qu’apporte votre lettre.

1Raineville, Joseph Maria Hubert Vaysse de (1833-1894), homme politique. S'étant engagé, en 1860, dans les zouaves pontificaux, il se battit à Castelfidardo et fut décoré par Pie IX. Il prit également part à la défense de Paris pendant la guerre franco-allemande. Élu député de la Somme à l'Assemblée nationale du 8 février 1871, il siégea au centre droit Ayant prit part aux combinaisons en faveur du rétablissement de la monarchie, il opina pour la chute de Thiers au 24 mai, pour le ministère de Broglie et contre les amendements Wallon. Devenu membre du sénat le 30 janvier 1876, il s'associa aux votes de la majorité monarchiste. Depuis la victoire des républicains, il se prononçait systématiquement contre leur politique, votant notamment contre mes lois Ferry sur l'enseignement.

2Lareinty Henri Clément Gustave Baillardel, baron de (1824-1901), militaire et homme politique. Monarchiste et catholique, il échoua aux élections législatives de 1869 mais parvint à se faire élire au sénat en 1876. Il y siégera continuellement jusqu'à sa mort.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «30 septembre 1879», correspondance-falloux [En ligne], 1879, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Troisième République,mis à jour le : 08/12/2021