CECI n'est pas EXECUTE 13 juin 1878

1878 |

13 juin 1878

Charles Albert Costa de Beauregard à Alfred de Falloux

La Motte Servolex (Savoie), ce 13 juin 1878

 

Monsieur le comte,

Je viens d’éprouver, en recevant votre lettre si grandement bienveillante, un sentiment qu’il m’est difficile de vous exprimer. Ce sentiment est celui d’un étonnement plein de reconnaissance, car en vérité, j’étais loin de m’attendre à ce que ce livre1 publié pour ainsi dire malgré moi, eut le succès qui l’accueille partout, succès dont vous voulez bien m’envoyer le témoignage si flatteur.

Ce livre avait été écrit pour les miens. Lui faire franchir le cercle intime auquel je l’avais destiné me semblait impertinent. Il a fallu pour me rassurer et pour me décider, que j’entrevis un peu de bien affaire. Votre lettre me prouve que ce but est atteint. Entre le temps où vivait le marquis Henry et le temps où nous vivons nous-mêmes que d’analogies en effet. L’égoïsme, les illusions et les défiances sont comme ce Juif errant qui parcourt le monde sans vieillir jamais et sans mourir. Quelle triste expérience j’ai faite de ces choses, pendant les cinq années que le hasard m’a fait passer à l’Assemblée de Versailles. J’ai vu là, qu’il valait mieux vivre avec les morts qu’avec les vivants et je m’en suis revenu au fond de mes montagnes dégoûté à jamais d’une telle vie. Mais pardonnez-moi, monsieur de vous parler ainsi de moi, alors que ma lettre ne doit être qu’un remerciement. Permettez-moi d’y joindre, Monsieur le comte, l’expression de ma respectueuse considération.

Mis Costa de Beauregard

 

 

1Costa de Beauregard venait de consacrer un ouvrage à son grand oncle Henry Costa de Beauregard, Un homme d'autrefois, souvenirs recueillis par son arrière-petit-fils (1878)


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «13 juin 1878», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1878,mis à jour le : 21/02/2022