CECI n'est pas EXECUTE 5 juillet 1864

Année 1864 |

5 juillet 1864

Jean-Didier Baze à Alfred de Falloux

5 juillet 1864

Monsieur le comte et bien cher ancien collègue,

La lettre que vous avez eu la bonté de m’écrire le 29 juin à Agen m’a été envoyée ici, assez longtemps après cette date. Elle m’a causé tout à la fois un grand plaisir et un vif regret. Le plaisir de voir que vous m’aviez conservé un bienveillant souvenir, le regret de ne m’être pas trouvé à Agen lorsque vous y êtes passé, pour vous accueillir et vous faire les honneurs de ma chère ville natale. Comme j’aurais été heureux d’être à côté de vous sur le théâtre et au moment même de mon triomphe ! Il me semble que j’aurais mieux joui de ma joie en vous y associant.

Mon ami, Monsieur Lapoussée1, qui a eu le bonheur de vous voir et que je vous remercie avoir bien voulu voir à cause de moi, a dû vous dire les circonstances de la lutte qui rendent légitime l’emploi de ces expressions hors de toute mesure dans un autre temps avec d’autres hommes ; mais les proportions de toutes choses sont aujourd’hui changées et nous sommes arrivés au point où les évènements les plus simples peuvent être un sujet d’étonnement et d’admiration, non pas d’édification par exemple.

Que de choses, que d’événements, Monsieur et bien cher ancien collègue, depuis le moment où nous fûmes violemment séparés dans ce chemin de la vie publique que vous parcourriez avec tant d’éclat et où je mettais ma sympathie et mon admiration pour vous au nombre de mes meilleurs guides ! Les souvenirs précieux de cette époque m’ont bien souvent consolé et fortifié pendant mon exil.

Je rends grâce à Dieu de me retrouver, après tant d’épreuves, soutenu et encouragé par les mêmes amitiés, par la bienveillance dont vous venez de me donner ainsi témoignage.

Veuillez agréer, Monsieur le comte et bien cher ancien collègue, l’expression de mes sentiments bien dévoués et de mon respectueux attachement.

Baze2

Je vous adresse cette lettre au château de Fumel3 où j’espère qu’elle vous rencontrera. Serez-vous assez bon pour dire à Monsieur le baron de Langsdorff4, un des hommes qui font honneur à notre département toute ma sympathie et tous mes sentiments de bon citoyen.

 

1? orthographe douteuse.

2Baze, Jean-Didier (1801-1881), avocat et homme politique d’orientation libérale. Député du Lot-et-Garonne en 1848, réélu par ce même département en 1849. Hostile au coup d’état du 2 décembre 1851, il sera expulsé de France et contraint à l’exil en Belgique. Amnistié en 1859, il revient en France et s’installe comme avocat à Agen. Battu aux élections de 1863 et 1869, il se fait néanmoins élire au conseil général du Lot-et-Garonne. Représentant Centre-droit de ce département à l’Assemblée nationale en 1871, il sera par la suite élu sénateur inamovible et constamment réélu jusqu’à sa mort.

3Lot-et-Garonne.

4Langsdorff, Emile de (1803-1867), diplomate, auteur de plusieurs ouvrages d'histoire.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «5 juillet 1864», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1864,mis à jour le : 13/08/2023