Année 1844 |
1844
Ferdinand d'Eckstein à Alfred de Falloux
1844
Je suis, Monsieur, on ne peut plus touché de votre aimable envoi. J’ai lu votre ouvrage1 avec une extrême attention, dû au talent de l’écrivain, à la grande estime que j’ai de votre personne, et à l’importance du sujet. L’histoire moderne à laquelle votre bel ouvrage peut servir d’introduction m’a animé de tout temps, quoiqu’elle ne soit pas entrée, comme but spécial, dans l’intention de mes études. Vous écrivez avec clarté, abondance, avec précision, et avec une douce onction à la fois, votre style est de l’école de Fénelon, simple, aimable, sans ambitieuse recherche et cependant fleuri. Le livre qui vous fait un grand honneur ne peut manquer de vous faire de nombreux amis parmi tous vos lecteurs. Même en plaçant diverses questions concernant le gouvernement de l’Église d’un point de vue un peu différent du vôtre, complètement en dehors de l’autorité pontificale, et sous le seul rapport de la politique, je me trouve pencher pour vous, quand je vous dis, un murmure d’opposition sur plusieurs points ne se lève que doucement après, et ce sont là des questions sur lesquelles la controverse est inutile ; pour la soulever il faudrait embrasser un grand ensemble de choses, en un mot envahir, sous le point de vue de la critique, une portion notable du domaine de l’histoire. Pour juger du reste un ouvrage comme le vôtre, il me faudrait sur cette matière, les connaissances que je n’ai pas. Du reste, si jamais une occasion se présente, soit en France, soit en Allemagne, pour dire mon opinion sur votre ouvrage, je la saisirais avec un grand empressement.
Veuillez recevoir, Monsieur le vicomte, l’expression de ma plus sincère reconnaissance.
Baron d’Eckstein
1A. de Falloux venait d’écrire une biographie du pape de l'Inquisition, Histoire de Saint Pie V, pape de l'Ordre des frères prêcheurs, 2 vols., Paris, Sagnier et Bray, 1844.
