CECI n'est pas EXECUTE 11 septembre 1857

Année 1857 |

11 septembre 1857

Clothilde La Ferté-Meung à Alfred de Falloux

Au Marais, 11 septembre 1857

Je vous remercie du fond de mon cœur, cher Monsieur, de ne m’avoir pas oublié dans votre douleur. Je n’ai pu être admise pendant plusieurs années auprès d’une si admirable personne1, sans me sentir atteinte bien profondément aujourd’hui par la perte d’une telle bienveillance. Ses paroles et ce qu’elles révélaient inspiraient une tendre vénération et reposaient l’âme, en l’élevant vers des régions que la sienne habitait toujours. C’était un précieux refuge au milieu des agitations du triste temps que nous traversons. Mais pour vous, qu’elle aimait comme son fils, qui l’occupiez sans cesse, qu’elle appréciait avec son lumineux esprit et son noble et tendre cœur, je comprends et sens vos regrets ; et le vide cruel qui s’est fait dans votre vie. Rien ne se remplace dans le monde et la succession des jours ne rend pas ce qu’on a perdu et ce qu’on pleure à juste titre. Ma compassion et ma sympathie vous sont bien acquises. Vous ne songerez plus, je vous le demande, à une indiscrétion possible, lorsque vous parlerez en ami. Laissez-moi vous dire simplement que d’ineffaçables souvenirs nous donnent bien le droit et pour ma part, je n’y renoncerai pas. Vous ignorez non seulement le douloureux événement que vous avez pris soin de m’apprendre vous-même, mais aussi qu’il fut menaçant ! Lorsque ma nièce était à Plombières avec Madame de Gontaut2. je lui avais fait demander par elle des nouvelles de Madame de Swetchine ayant entendu dire que son état s’était aggravé et elle m’avait répondu qu’elle n’était pas plus souffrante ; enfin cher monsieur, elle a reçu le prix de ses vertus, elle pleure et elle protège ceux qu’elle a quitté et elle veillera sur eux. En élevant nos regards vers le ciel, habité maintenant par des êtres si chers et de si précieuses protections, nous nous sentirons facilement détachés de ce triste monde et attirés vers ceux qui nous attendent. Cette perte sera bien vivement sentie aussi pour Monsieur de Melun. Si vous le voyez, veuillez lui dire que j’ai pensé à son affliction. J’ai appris son mariage3 par le journal. Il a été bien silencieux avec ses amis,. J’espère qu’il est heureux et content de sa nouvelle destinée. Mes vœux les plus sincères l’ont suivi. Je voudrais bien savoir, cher Monsieur, que votre santé n’a pas été trop éprouvé par un coup si cruel pour votre cœur, je vous renouvelle en cette douloureuse circonstance, l’assurance de tous mes sentiments bien affectueux.

Molé, Mise de la Ferté-Meung

1Sophie Swetchine venait de mourir.

2Sans doute Adélaïde Gontaut-Biron née de Rohan Chabot (1è93-1869).

3Armand de Melun s’était marié le 2 septembre ave Mlle de Rochemore.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «11 septembre 1857», correspondance-falloux [En ligne], Année 1857, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Année 1852-1870, Second Empire,mis à jour le : 08/10/2022