Année 1857 |
3 octobre 1857
Victorine de Lillers à Alfred de Falloux
Ce 3 octobre [1857],
Je vous envoie, Monsieur, et je confie à votre délicatesse toutes les lettres que j’ai pu retrouver de mon amie1. Ayant brûlé toutes celles qui me parlaient d’affaires de famille que nous traitions ensemble, je n’ai pu relire ces précieuses lettres ; ma faiblesse, mes mauvais yeux étaient pour moi une grande fatigue que j’ai dû éviter, sachant dans quelles mains je les confiais, je serais heureux si vous pouvez retrouver dans ce dépôt des souvenirs qui augmenteront avec charme tout ce qu’il y a à dire sur cette femme qui ne sera jamais remplacée. Je m’entoure de tout ce qu’on dit sur elle, Monsieur Cochin a passé hier une partie de la soirée avec moi, il m’a bien intéressé. L’article de Monsieur Albert de Broglie et le vôtre m’ont fait un sensible plaisir. Je ne veux pas vous fatiguer, Monsieur, mais j’attends de votre amitié de me faire connaître tout ce que vous pourrez sur cette amie aussi inimitable que regrettable : vous me renverrez les lettres et je vous demande de recevoir ici l’assurance de confiance, d’une estime, d’un attachement inspiré par elle que je garderai
dans un cœur brisé qui vous conservera tout le reste de ses jours un grand attachement.
Marquise de Lillers2
1Sophie Swetchine, décédée le 10 septembre 1857.
2Victorine-Pauline Antoinette Le Duc, née Collot, marquise de Lillers (1814-1895).
