CECI n'est pas EXECUTE 11 novembre 1871

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11 novembre 1871

Adolphe Lachèse à Alfred de Falloux

Angers, le 11 novembre 1870

Monsieur le comte,

Depuis deux jours les nouvelles sont meilleures et nous font conserver la speranza fa vivere, comme le disait si spirituellement une vieille dame de mes amis. L'affaire de Marchenoir1, dont plusieurs lettres vous ont démontré l'importance a été suivie de l’affaire beaucoup plus importante dont L'Union de l'Ouest vous donne le résumé dans les dernières nouvelles de ce soir.

Une dépêche télégraphique arrivée ce soir à 5 h. ajoute que le général de Paillères2 a couché hier soir à Chevilly à 15 km au-delà d'Orléans.

La voilà donc enfin mise en action cette fameuse armée de la Loire, puisse-t-elle ne s'arrêter que sous les murs de Paris !

Un sergent des zouaves pontificaux m’écrivait hier du Mans, que le premier et le deuxième bataillon de son régiment venait de partir pour Nogent le Rotrou. C'est encore un mouvement en avant, et cela seul peut sauver la capitale, c'est-à-dire la France.

Qu'ils aillent donc de tout cœur, ces braves enfants, et que Dieu leur soit en aide !

Vous avez certainement lu dans L'union de l'Ouest à l'article intitulé Indignité3 qui maltraite rudement un certain nombre de nos vertueux qui avaient pris comme artilleur Monsieur Stany de Vauguez, les pauvres diables sont arrivés bien piteux à Angers, et ils sont allés pour expliquer leur affaire chez Monsieur le colonel Clevot, commandant les mobilisés, qui les a reçus comme deux chiens et cosignés dans les chambres non meublées du nouveau théâtre. Ils sont allés, pour réclamer, voir Monsieur le préfet, qui, bien inspiré cette fois, les a encore plus mal reçu...Cette algarade jointe à la nomination du conseil municipal, du maire et adjoints de jette le plus complet et ridicule sur les prétentions et les rodomontades de nos modestes Bretons.

Je joins à ma lettre un article de M. Ribouyre sur notre nouvelle mairie. Je n'ose vous envoyer le journal tout entier non dans votre intérêt mais dans le sien, tant nos dictateurs ont le sens commun.

Espérons donc encore, Monsieur le comte, espérons donc toujours, car si mal que nous soyons nous n'avons pas encore franchis les portes de l'enfer.

J'ai l'honneur d'être, Monsieur le comte, avec le plus absolu dévouement votre très affectionné serviteur.

Lachèse Dr Adolphe4

1La forêt de Marchenoi (Loir-et-Cher). Un combat y opposa les Prussiens et l’Armée de la Loire.

2Charles Martin des Pallières (1823-1876), militaire et homme politique. Général de brigade, il participa à la guerre contre la Prusse. Élu représentant de la Gironde de 1871 à 1876, il siégea avec l’Union de Droites. Par la suite il fera campagne pour un retour de Napoléon III ou de son fils Napoléon IV.

3?

4Médecin, Président de la société de médecine d’Angers, il est aussi Président de la Société d’agriculture, sciences et arts d’Angers.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «11 novembre 1871», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1871,mis à jour le : 19/09/2022