CECI n'est pas EXECUTE 25 février 1874

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25 février 1874

François Lagrange à Alfred de Falloux

Viroflay le 25 février 1874

Monsieur le comte,

J’ai reçu les preuves que vous avez eu la grande bonté de revoir et de corriger et je vous suis infiniment obligé de cette complaisance. Vos suppressions sont tout à fait dans le sens de celles que j’avais déjà faites, et les mêmes presque identiquement, et ce que vous avez bien voulu ajouter ça et là étincelle sur mon pauvre fond trop terne et trop pâle, je le sens bien. Je me confirmerai donc rigoureusement à votre pensée, et rien d’étranger à l’affaire même ne sera mêlé au débat. Tout ce que vous avez effacé disparaîtra.

Je vous dirai seulement que la rectification indiquée dans la lettre de Monsieur Cochin, n’a peut-être pas toute la valeur que vous lui supposez, parce que, postérieurement à cette lettre, Monsieur de Montalembert, à Malines, en 18631, a repris sa formule dans les mêmes termes l’Église libre dans l’État libre, c’est le titre du discours, et précisément ce discours lui a suscité quelques difficultés à Rome.

On m’assure du reste qu’il n’est nullement question d’éloigner la suspension de l’Univers, quoi qu’il en soit, je serai prêt.

Je me suis peut-être trop avancé en vous promettant le texte du syllabus et de l’encyclique2. Je l’ai vainement cherché chez plusieurs libraires, et chez celui même qui l’avait publié : c’est complètement épuisé. On me dit cependant que l’on a imprimé cela dans un recueil des actes de Pie IX. Si vous désirez ce recueil, je pourrai le trouver et vous le faire adresser.

Quelle défaillance que celle de l’évêque de Strasbourg3! Comment n’a-t-il pas senti la grandeur du rôle qui lui avait été confié ! Comment du moins n’a-t-il pas su se taire ! Au reste, je ne suis pas surpris de cette aventure. J’ai trop vu à Rome comment votre évêque d’Angers4, dans l’affaire du père Gratry avait mené cet évêque. Mais c’est bien regrettable pour le clergé.

Que Dieu du moins nous conserve nos chers et grands athlètes !

Veuillez agréer, Monsieur le comte, l’hommage de mes plus profonds et dévoués respects.

F. Lagrange

1Montalembert avait prononcé deux grands discours lors des journées des 20 et 21 août 1863 au Congrès catholique de Malines en Belgique.

2Promulgué en décembre 1864, le Syllabus qui accompagnait l’Encyclique Quanta Cura fut perçu par les catholiques libéraux comme une véritable condamnation de leurs position, les propos de Montalembert allant à l’encontre du principe selon lequel « l’Église doit être séparée de l’État, et l’État séparé de l’Église ». Tout en affirmant que l’encyclique était un «malheur déplorable », Falloux parvint à dissuader Montalembert de démissionner du Correspondant.

3Mgr André Raess (1794-1887), évêque de Strasbourg depuis 1842, il s’était porté candidat dans la circonscription circonscription de Schlestadt. Il avait déclaré, au palais du Reichstag, que le traité de Francfort, par lequel notamment les départements d'Alsace et de Moselle étaient annexés au Reich allemand, était reconnu par les catholiques et les protestants d'Alsace et de Lorraine.

4Mgr Freppel.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «25 février 1874», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1874,mis à jour le : 01/11/2022