1874 |
6 décembre 1874
Gregori Gagarin à Alfred de Falloux
Dimanche, 6 décembre 1874
Je suis obligé, mon cher comte, de vous tenir au courant de nos événements prosaïques de famille. Ma fille Raiewsky1 qui est à Pétersbourg nous donne de bien tristes nouvelles de sa santé menacée de couches irrégulières ; notre absence ajoute à ses inquiétudes, ce qui nous force d’abroger de beaucoup le séjour que nous voulions faire ici. Nous partons à la fin de la semaine et nous l’aurions fait plutôt, si nous n’étions obligés d’attendre des effets commandés qu’il faut emporter.
Mon cousin Jean2 ne peut pas nous accompagner au Bourg d’Iré. Dans mon ignorance des lieux, je supposais que cette course nous prendrait une journée. Ma femme et ma fille ont beaucoup à préparer pour le départ et moi, ayant à terminer ma copie que j’ai entrepris au Louvre, nous sommes obligés à notre grand regret de remettre au printemps prochain cette visite qui nous promettait des jouissances d’un ordre plus élevé que le courant des choses de la vie. Nous avons l’intention de revenir au printemps prochain avec ma fille Raievsky et ses enfants si les événements attendus le lui permettent. J’ose espérer que Dieu nous accordera cette grâce et je compte sur toute votre bonté et votre indulgence pour comprendre la difficulté de notre situation.
Croyez je vous prie, mon cher comte, aux sentiments bien profondément dévoués que vous porte Prince Gregori Gagarin
1 Maria Grigorievna Raievski, née Gagarin (1851-1941).
2Prince russe et diplomate, Jean Gagarin (1814-1882) ; il embrassa le catholicisme et entra dans la Compagnie de Jésus en 1842.
