CECI n'est pas EXECUTE 28 octobre 1878

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28 octobre 1878

Guillaume-Alfred Heinrich à Alfred de Falloux

Lyon, le 28 octobre 1878

Monsieur le Comte,

Je vous ai adressé hier bien tardivement, un article publié dans le Correspondant du mois d’août. Le tirage à part s’est fait pendant que j’étais en Hollande pour un voyage d’études ; c’est la cause de ce retard, et je vous prie de considérer cet envoi comme l’hommage d’un bien profond respect et d’un très complet dévouement.

Comment d’ailleurs ne pas vous remercier des bonnes paroles que le Correspondant d’avant-hier nous a rapportées de votre part ? Moi qui dans ce milieu universitaire, beaucoup moins antireligieux qu’on ne le prétend, voit tout le mal dont les doctrines exagérées et les déclamations puériles sont cause, je ne saurais trop vous rendre grâce d’essayer de dissiper ces malentendus qui sont la pierre d’achoppement de tant de pauvres âmes.

Les journaux nous ont appris que l’état de votre santé vous avez empêché de vous rendre aux funérailles de Mgr Dupanloup. Laissez-moi espérer que bientôt vous rassurerez sur ce point tous ceux qui vous respectent comme leur meilleur conseiller et leur véritable chef.

Pauvre évêque d’Orléans ! Qui va le remplacer, le louer à l’Académie ? Le candidat de mes rêves mon excellent maître M. Wallon, s’il arrive, fera un éloge digne, correct et froid. Qui nous rendra cette grande et impressionnante figure, cette ardeur unie à la charité et à la conciliation qui est la forme politique de la charité, cette éloquence un peu impétueuse, où se trouvait le quod tallere velles, mais où abonderaient aussi les traits heureux parce qu’elle partait d’un si grand cœur ? Personne, personne, et c’est ce qui nous fait mesurer l’étendue de cette perte, aussi bien pour les lettres chrétiennes que pour le monde politique et pour l’Église. Les pairs de l’évêque d’Orléans sont déjà à l’Académie : nul ne le remplacera parmi les candidats qui sont à l’horizon.

Veuillez agréer, monsieur le comte, l’assurance des sentiments très respectueux avec lesquels j’ai l’honneur d’être votre très humble et très obéissant serviteur.

G. A. Heinrich1

(Guillaume Alfred)

1Connu sous le nom de plume de Constant Pautrier (1829-1887), universitaire, doyen de la Faculté des Lettres de Lyon, il est l’auteur de plusieurs ouvrages d’histoire médiévale.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «28 octobre 1878», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, 1878,mis à jour le : 23/11/2022