1881 |
11 janvier 1881
Edouard Laboulaye à Alfred de Falloux
Paris, le 11 janvier 1880
Monsieur le comte, quelques amis m'ont engagé à me présenter à l'Académie française1 pour un des deux fauteuils vacants ; j'ai eu la faiblesse de céder à cette nouvelle invitation et me voilà forcé de vous importuner. Je ne vous fatiguerais pas de l'énumération de mes titres, les livres que j'ai publiés ne sont que trop nombreux ; mais je vous rappellerai que vous m'avez ouvert la carrière de l'enseignement en 1849 et qu'après 30 ans de service il me serait agréable d'en recevoir la récompense de votre main. Ce serait la preuve que j'ai fait honneur à votre choix.
J'ai pris la liberté de vous adresser la brochure que je viens de publier sur les lois Ferry2 ; c'était mon devoir puisque j'y parlais de la loi de 1850, qui est l'honneur de votre passage aux affaires. Nous voici revenu dans une situation pareille à celle de 1849, mais j'ai peur que nous n'en sortions pas aussi heureusement. Ce Sénat ne m'inspire pas une très grande confiance, je crois peu à son libéralisme en fait d'enseignement, et ce sera beaucoup si, comme je l'espère, il repousse l'article 73.
Recevez, Monsieur le comte, l'assurance de tout mon respect.
Votre très obéissant serviteur
Laboulaye
Edouard René Lefebvre
1Candidat à diverses reprises à l’Académie française, il ne sera jamais élu.
2Ces lois avaient pour but de rendre l’instruction primaire obligatoire et laïque.
3L'article 7 du projet de loi de Jules Ferry prévoyait d'exclure de l'enseignement les congrégations non autorisées.