CECI n'est pas EXECUTE Décembre 1855

Année 1855 |

Décembre 1855

Ludovic Vitet à Alfred de Falloux

Automne [1855]

Mon cher ancien collègue et futur confrère, MM. de Noailles et Berryer vous auront peut-être déjà dit combien M. Guizot partageait vos regrets. Il s’était fait une fête de vous recevoir : ce qui sera pour lui corvée répondant à tout <mot illisible>, lui devenait un vrai plaisir avec vous : mais il comprend en se résignant, il comprend qu’il vaut mieux pour vous et pour l’académie, pour la mémoire de M. Molé1 surtout que ce soit en vous même que son éloge soit réunis. C’est d’ailleurs le moyen de faire capituler certains partis pris, certains amours propres, et de rendre plus sûrs, plus cuirassés certains dévouements douteux. En entrant par cette porte vous n’avez que peu de <mot illisible> à prendre : elle est plus qu’entrebâillée. N’allez pas en conclure pourtant que je vous conseille le repos, un repos contemplatif ; mais sans aller jusqu’à l’agitation il faut encore pendant un mois ou deux vous garder de l’immobilité un mois ou deux car la fin de Janvier, je n’ose vous a la promettre. Songez qu’avant d’en venir à ce double scrutin qui sera simultanée comme vous le désirez, du moins je n’en doute pas, songez qu’il faut trois réceptions. M. Flourens2 n’est pas à la besogne et quand s’y mettra-t-il ? En janvier tout au plus. Si donc on peut soutenir dans la seconde moitié de février, ce sera tout le bout du monde. Je vous sers une prospective peu agréable n’est-il pas vrai ? Encore plus de deux mois d’attente ! Mais mieux vaut vous mettre au courant et vous dire la vraie vérité.

Je suis tout à fait d’avis que jusqu’à l’élection vous ne fassiez que fourbir vos armes sans entrer au champ clos. Les candidats sont des fiancés ; jusqu’à l’heure du mariage il leur faut éviter les bruits, le monde, les salons et à plus forte raison la presse. Écrivez cependant si le cœur vous le dit tout haut. Je vous crois assez sûr de vos futurs <mot illisible> pour signer quelque chose , mais le parti le plus prudent sera toujours de se taire.

Vous voici renseigné, mon très cher ancien collègue, ce que je n’ai pas besoin de vous apprendre, c’est combien il nous tarde de vous avoir autour de nous.

Mille affectueux souvenirs

Vitet

 

1Il était mort le 23 novembre 1855. Falloux sera son successeur à l’académie le 23 avril 1856.

2Flourens, Jean-Pierre (1794-1867), célèbre physiologiste, il était membre de l’académie française depuis 1840.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «Décembre 1855», correspondance-falloux [En ligne], Année 1852-1870, Second Empire, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1855,mis à jour le : 20/03/2023