Année 1856 |
26 juin 1856
Ludovic Vitet à Alfred de Falloux
Paris, 26 juin [1856]
Je vous remercie, mon cher confrère et ami, des très aimables dédommagements que vous m’avez donAnés au risque de vous avoir à peine entrevu cette année. Je sais bon gré mon tiré à part de m’avoir valu cette fortune d’un si bon souvenir de vous. Tous mes confrères le savent vos infidélités ne viennent que de vos souffrances et ce nous est un motif de les maudire deux fois mais si bien disposé qu’on soit à vous pardonner votre absence on n’en est pas moins sensible aux regrets que vous m’exprimez et que vous me chargez de transmettre. Je ne vous promets pas cependant d’en parler à beaucoup de gens, car la compagnie, par ces chaleurs est sur le pied de paix le moins respectable et moi-même, je vais la quitter pour trois mois dans quelques jours.
Ne croyez pas je vous en prie que je manque de curiosité et encore moins d’attirance pour votre beau pays. Ce que j’en connais suffirait à me donner l’envie de le connaître mieux ; et le plaisir de vous y voir serait le meilleur des attraits pour moi. Dernièrement encore je combinais des plans où une pointe dans l’Ouest se mêlait à une course annuelle en Médoc mais je ne sais comme les choses se disposent à l’âge où me voici le temps manque toujours dés qu’il s’agit d’exécuter un projet agréable. Avez-vous la <mot illisible> de ne pas manquer de temps ? Pour moi j’en suis toujours à court ; et ce n’est que le dernier moment que j’aperçois mon déficit. À cet instant je caresse encore des projets pour cet automne, à l’ouest entre autres mais ils m’échapperont encore, je le crois bien.
Que dites-vous de cette Chambre et de ses émotions financières ? Il n’y a plus d’enfants. Les maîtres d’école ont perdu leur férule et sont en train de perdre la tête. Quel singulier pays nous habitons et qu’il est difficile de suivre ses allures. Portez-vous mieux très Cher confrère et ami, préparez-vous à nous donner bientôt votre revanche ; absence comme présence je vous conserve une bien cordiale amitié.
Vitet
