CECI n'est pas EXECUTE 21 février 1868

Année 1868 |

21 février 1868

Ludovic Vitet à Alfred de Falloux

Paris, 21 février [1868]

Mon cher ami, Dufaure m’avait échappé dimanche chez le général : je viens de le saisir à la séance de l’académie. Il est tout prêt à faire telle consultation que vous voudrez, seulement il faudrait m’envoyer un dossier. Je crois aussi que vous feriez bien de lui écrire directement, si vous croyez la consultation nécessaire. Même à l’intervention de l’Académie française je vous soumets 1 doute. Nous risquerions de ne pas y trouver la même unanimité qu’aux inscriptions de la moindre dissidence atténuerait l’effet de la 1re protestation. Beulé1 qui pensez d’abord à introduire dans le débat l’Académie des beaux-arts a renoncé à son projet par la même considération. Je crois bien qu’en fait d’académie Il faut nous en tenir à celle des inscriptions, seule compétente en la matière.

Reste à savoir ce qu’il faut faire judiciairement parlant. Une action est difficile à introduire mais une consultation bien motivée pourrait avoir un bon effet. Seulement je ne suis pas certain que Dufaure eût le temps de le faire lui-même. Si vous avez à Angers quelque jurisconsulte subtile, faites lui faire la consultation, Dufaure et Berryer, la remanieront, la signeront et feront signer.

Tous est en effet très bien passé dimanche, en famille et cordialement. Reste à faire faire les modifications du projet ce qui est moins facile et demandera je le crains plus de temps qu’il en faudrait.

Allez-vous mieux et vous et vous reverra-t-on bientôt à Paris ? Je ne pense pas que nous ayons à procéder aux élections académiques avant la fin d’avril. Vous n’attendrez pas jusque-là, j’espère, pour visiter vos confrères.

Vous avez lu la lettre de Beulé, elle pose bien la question légale et fait <mot illisible> l’effet d’une consultation d’avocats. J’avais fait prier M. Bertin2 d’insérer une note détaillée sur le vote de l’académie des inscriptions. Je regrette qu’il ne l’est pas publié. Il aura pensé que lettre de Beulé suffisait.

Savez-vous qu’un petit journal le Soleil va publier un article après-demain commandé contre vos pauvres plaignants ? C’est une misérable parodie.

 

 

1Beulé Charles Ernest (1826-1874), archéologue et homme politique. Élève de l’école française d’Athènes, il s’occupa des fouilles de l’Acropole. Il acquit une certaine célébrité après la publication de son ouvrage L’Acropole d’Athènes (1853). De retour en France, il succède à Raoul Rochette à la chaire d’archéologie de la Bibliothèque impériale, puis est élu à l’Académie des inscriptions et belles-lettres (1860) dont il devient secrétaire perpétuel en 1862. Il publie, dans la Revue des Deux Mondes, une critique très vive du décret impérial du 13 novembre 1863 qui dépouillait l'Académie des Beaux-Arts d'un certain nombre de prérogatives. Il attaque également devant le Conseil d'État le décret autorisant la cession à l'Angleterre des statues des Plantagenêt et le mouvement d'opinion qu'il provoque fait rapporter cette décision. Cette attitude lui vaut une mise à la retraite anticipée. En 1871, il est élu représentant du Maine-et-Loire et siège au centre droit orléaniste. Le 25 mai 1873, il entre au cabinet de Broglie au ministère de l'Intérieur. Ayant tenté de mettre la presse au pas, il est vivement attaqué par la gauche. Il fut sacrifié lors du remaniement ministériel de Broglie (25 novembre 1873). Il se suicida le 4 avril 1874.

2Bertin, Edouard (1797-1871), journaliste au Journal des Débats fondé par son père Louis-François Bertin (1766-1841).


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «21 février 1868», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1868,mis à jour le : 22/03/2023