Année 1851 |
9 octobre 1851
Louis Molé à Alfred de Falloux
Champlâtreux, 9 octobre 1851
Mon cher et excellent collègue, croyez <mot illisible> dans tout ce que je vais vous dire, je vous en conjure ; nous avons un besoin pressant de vous ici. Le D[uc] de N[oailles] qui m'a fait part de vos bons projets pour Champlâtreux est arrivé hier avec sa femme et y fera quelque séjour. Mais ne différez pas je vous en prie et ne pensez pas à attendre Berryer qui m'écrit ce matin même qu'il viendra vers le 18. C'est de vous, non de lui dont nous avons actuellement besoin. Soyez assez aimable pour vous établir et rester ici entre le D[uc] de N[oailles] et moi, on viendra vous trouver aussi souvent qu'on l'a fait même pour moi seul depuis plus de six semaines et autant que cela sera indiqués. A Paris si vous y séjourniez vous vous fatigueriez et useriez vos forces avant le moment ou vous aurez à les employer. J'ai à vous offrir l'air le plus pur des environs de Paris, de beaux ombrages, un lieu sans voisinage, solitaire et tranquille, où comme nous, vous n'aurez d'autres ébranlements et d'autres émotions que ceux de la conversation et de la réflexion. Les circonstances sont plus pressantes que je ne puis vous l'expliquer. Mais j'aime à croire que vous n'aurez pas à vous repentir d'avoir crû le D[uc] de N[oailles] et moi sur parole. C'est en descendant de sa chambre et après avoir causé avec lui que je vous écris. Je n'ai pas à ajouter, je l'espère que tous vos amis seront reçus ici comme les miens et que je serai trop heureux qu'ils viennent vous chercher chez moi. Agréez toutes les expressions du plus affectueux attachement ainsi que l'assurance d'une estime qui comprend et surpasse parfois l'admiration.
Molé
J'écris tellement à la hâte qu'il faut excuser les ratures et le reste....
