CECI n'est pas EXECUTE 20 décembre 1854

Année 1854 |

20 décembre 1854

Louis Molé à Alfred de Falloux

Champlâtreux, 20 décembre 1854

Mon cher ami, il y a longtemps que cette formule ou cette application est sur mes lèvres et au bout de ma plume. J'ai reçu hier votre lettre à 10 h et demie du soir, autour de cette table à thé où vous étiez naguère assis et je me hâte d'y répondre ce matin. Tout ce qu'elle renferme me prouve que je n'avais pas tort en vous priant depuis longtemps d'arriver. Votre présence devait nécessairement produire l'effet qu'elle vient de produire un peu tardivement. Mais ne prenez pas au pied de la lettre tous ces langages  de gens embarrassés entre deux hommes pour lesquels ils sont bienveillants et engagés quoique à des degrés divers. Je suis très curieux de la réponse que vous recevrez, il peut en sortir que le duc de Broglie déclare qu'il persiste à se tenir à la disposition de ses amis, ou qu'il se retire avec une blessure qui serait partagée par tous ceux qui lui sont depuis longtemps dévoués. Ce que je vous demande, c'est de ne pas répéter ce que vous me dites, c'est qu'après le retour du duc de Broglie les amis des deux côtés délibéreront à nouveau et que vous vous en rapporterez à ce qu'auront résolu les vôtres. La prudence veut que vous mainteniez jusqu'au bout votre plus complète liberté. Vous ne me parlez pas du duc de Noailles, je tiens beaucoup à ce que vous l'avez vu des premiers. Mes enfants et aussi quelques affaires ne me laissent revenir que le 31 à moins d'un temps qui ne permette ni la chasse ni la pioche. Je n'ai pas besoin d'ajouter qu'à peine débarqué vous pourrez disposer de moi. Si vous jugiez utile que nous causions avant ce 31 que j'aurais voulu devancer au moins d'un ou deux jours, pourquoi ne viendriez-vous pas encore passer ici quelques moments ? Je conviens que la saison est rude et rend de telles courses assez pénibles, mais vous m'avez paru mieux de santé que je ne vous ai vu depuis longtemps. Je ne suis pas étonné que vous ayez trouvé  Mr. Dumon réservé et contenu. Je lui avais laissé voir ici combien le procédé qu'on a eu envers vous me paraissait blessant et combien ceux qui avaient encouragé votre candidature se croiraient d'autant plus obligé à la soutenir. Dans onze jours je vous aurai rejoint et le duc de Broglie ne revenant qu'après Noël je ne vous manquerai pas longtemps. Je vous renouvelle les plus tendres expressions des sentiments que je vous ai voués.

Molé

Je rouvre ma lettre, pour copier et vous envoyer un passage de la réponse que le duc de Noailles faisait le 16 décembre à la lettre que je lui avais écrite pour annoncer votre arrivée : "J'ai vu Pasquier et Guizot et je suis comme vous au courant de ce qui se passe. On a été, Cousin en tête, chercher Mr. de Broglie pour l'opposer à Falloux, voulant éviter un nouveau choix d'une couleur si marquée et si semblable au précédent. Mr. de Broglie s'est dévoué en disant  qu'il ne refuserait jamais son concours aux amis avec lesquels Mr. Pasquier et Mr. Guizot ont accepté cette candidature avec ardeur. L'académie paraît l'accepter également". Vous le voyez, il faut que Mr. Guizot et Mr. Dumon refusent le nom d'ambassade à la démarche qui a été faite auprès de Mr. de Broglie.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «20 décembre 1854», correspondance-falloux [En ligne], Année 1852-1870, Second Empire, Année 1854, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES,mis à jour le : 07/10/2013