Année 1853 |
Mai 1853
Alfred de Falloux à Jules de Bertou
Mai 1853
Cher ami,
La station Walsh1 m'a si bien réussi que je l'en remercierais directement si je ne savais tout ce qu'on gagne en bonne grâce quand on passe par vos mains et ne comptais que vous allez revoir le cher Vicomte tout à l'heure. J'attends et j'en demande bien respectueusement pardon à Mme votre mère, votre retour à Paris avec bien de l'impatience puisque c'est la condition préalable de la marche sur le Bourg d'Iré où nos cœurs ont encore plus besoin de vous que nos maçons! Ce n'est pas peu dire! Je voulais vous écrire depuis 3 jours le rétablissement que je vous dois encore cher ami, mais Jacquelin de Maillé2 était annoncé et je tenais à vous donner de ses nouvelles officielles. Il nie le mariage de son frère et beaucoup plus encore son Sénat. Tous les sentiments qu'il m'a exprimés avec un entier abandon sont d'une irréprochable sûreté, sauf le Conseil général. C'est exactement le même cas que Louis de S[ain]t Blancard3, Louis des Moutiers, etc., etc. et je puis vous assurer qu'en y ajoutant un atome de plus on le calomnie4. De son coté il n'a pas emporté de doutes sur sa ferme résolution que mon modérantisme ne servit de monture à aucune lâcheté. En tout cette entrevue m'a fait un plaisir très vrai et très sérieux. Je n'ai point à choisir cher ami, dans les dates de visite sauf du 20 au 30 mai où je serai obligé d'être à Angers. Jusque là je ne ferai pas une absence d'une ½ journée. Donnez donc à Corcelle5 (dont je n'ai pas reçu de lettre) ou à M. de Rainneville6 toute la latitude qui leur conviendra, en témoignant, bien entendu au premier toute sorte d'empressement dans le désir pour ce qui est de moi. Quant au logement voici le bilan. Une seule chambre sous les toits de l'aile, deux à la Ferme7. Si vous amenez un compagnon goutteux ou votre aîné vous serez donc obligé de lui faire les honneurs et de vous reléguer dans les quartiers de M. Manceau8. Il y a des rideaux au lit et la cheminée ne fume pas habituellement. Quant au reste je n'ai rien à vous en apprendre. Avertissez-vous donc vous-même cher ami, et avertissez autrui comme vous le jugerez utile pour leur épargner trop de déception. Assurez les aussi bien sincèrement que ma reconnaissance sera proportionnée à cette mauvaise hospitalité. Loyde va mieux mais ne donne pas encore la sécurité dont nous aurions si grand besoin! Remerciez Mme votre mère de son <deux mots illisibles> dans le mieux obtenu et recommandez-nous toujours à elle pour le mieux à conquérir encore! Marie va très bien. Voulez-vous faire avertir Fontaine de votre départ pour le Bourg d'Iré: il est vraisemblable qu'il aura quelques cahiers de copie à vous remettre, si, ce que je demande fort à Dieu, vous ne tardez pas trop. Au revoir, au revoir donc.
Alfred
Voulez-vous trouver occasion de dire à un La Bouillerie9, si vous en rencontrez un, que c'est le départ de Mr. de Caradeuc10 qui m'a rendu une chambre, et qu'elle sera aussi à sa disposition cet été quand il sera de retour en Anjou, afin qu'il ne s'étonne pas de votre départ ou de tout autre qu'il peut apprendre.