CECI n'est pas EXECUTE 2 janvier 1846

Année 1846 |

2 janvier 1846

Louis Veuillot à Alfred de Falloux

2 janvier 1846

Très cher Monsieur,

Comme j'irais très loin pour lire quelque chose de M. de Maistre qui ne me serait pas connu, j'ai l'espérance de vous être agréable en vous envoyant la notice dont je vous ai parlé, et qui contient plusieurs lettre inédites. J'y joins un livre bien différent hélas que madame la vicomtesse de Falloux me permettra de lui offrir. L'intérêt qu'elle a paru prendre à ce que je disais l'autre jour de l'Algérie me fait penser que trois ou quatre chapitres de cet ouvrage ne l'ennuieront pas trop. C'est une peinture forte de l'Algérie telle qu'elle était il y a cinq ans. J'étais bien malade quand j'ai réuni ces notes pour une collection assez pauvre publiée à Tours, mais il s'y trouve des faits intéressants. Voilà ce que la vente m'oblige de dire tout en me réservant l'indulgence de madame de Falloux pour une meilleure occasion, car vraiment ce livre n'est digne d'aucune grâce et en le mettant sous des yeux qui en verront si bien la faiblesse, je fais un acte d'humilité. Permettez-moi maintenant Monsieur de vous demander simplement et confidentiellement si vous ne pourriez pas faire et faire faire quelque chose pour un malheureux rédacteur de la Quotidienne marié, père de famille, qui se trouve dans la plus douloureuse situation ? C'est Mr. Carle Ledhuy. Je crois qu'il a fait d’assez mauvais livres, mais il est revenu à de meilleurs sentiments, et ce qui passe avant-tout, il est dans la détresse la plus profonde. On a saisi son chétif mobilier et le voilà dans la rue, avec une femme un enfant et une vieille mère. La quotidienne où il a mille frs. d'appartement ne peut l’assister et il n'ose pas d'ailleurs y avouer sa misère. L'Univers n'est guère plus riche. Cependant quelques centaines de frs suffiraient (il est saisi pour un billet de cinquante frs., grossi du triple par les frais), ne pourrait-on pas trouver cela au comité royaliste ? C'est une idée que je propose à votre charité. Vous m'excuserez certainement si j'ai tort. J'ai l'honneur d'être très cher monsieur votre très humble et très bienveillant serviteur.

Louis Veuillot


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «2 janvier 1846», correspondance-falloux [En ligne], CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, Monarchie de Juillet, Années 1837-1848, Année 1846,mis à jour le : 22/06/2011